Chapitre 7 

LE PRIX DU MAQUILLAGE 

 

Hélas, non, il ne s'agit pas encore d'une prestigieuse récompense française enfin attribuée au maquillage de cinéma, lui reconnaissant finalement sa juste place dans cette industrie, mais, plus prosaïquement, du coût des choses. 

 

Comme je l’annonçais au chapitre 2 Qui sont les maquilleurs sur un film, et comme dans le précédent La préparation du maquillage avant le tournage, ce chapitre s’adresse en particulier aux cinéastes débutants ou amateurs, tout particulièrement à ceux qui n’ont pas (prévu) le budget maquillage nécessaire pour leur tournage et demandent des maquilleurs bénévoles et si possible à tout faire (coiffure, habillage, stylisme, chauffeur, café ou balayage - mais si, ça s’est vu…) en plus du maquillage. 

 

Je vais essayer ici de leur faire prendre conscience de la réalité et des efforts financiers de ce qu’ils demandent vraiment, souvent inconsciemment. 

 

En espérant qu’à l’avenir ils penseront à intégrer le budget maquillage dans le budget général de leurs films afin de faire des demandes raisonnables à leurs maquilleurs, je proposerai aussi une suggestion pour résoudre ce douloureux problème calmement. 

Chapter 7

THE PRICE OF
MAKE-UP




Unfortunately, no, this is not yet a prestigious French prize finally recognising the rightful place of makeup in the film industry, but rather, more prosaically, the cost of things.

As I mentioned in Chapter 2, Who Are the Makeup Artists on a Film, and in the previous chapter, Preparing Makeup Before Filming, this chapter is particularly addressed to beginner or amateur filmmakers, especially those who haven't (planned) the necessary makeup budget for their shoot and are asking for volunteer makeup artists, preferably multi-taskers (hairstyling, dressing, styling, driving, coffee-making, or sweeping—yes, it's happened…) in addition to doing makeup.

Here, I will try to make them aware of the reality and financial efforts of what they are truly asking for, often unconsciously.

In the hope that in the future, they will think to include the makeup budget in the overall budget of their films in order to make reasonable requests to their makeup artists, I will also suggest a way to resolve this painful issue calmly.

Le juste prix des choses 

The fair price of things

Même sur un court métrage autoproduit ou à petit budget, il est parfaitement illusoire de croire qu’on peut tout avoir pour rien : chaque chose a son prix minimum. C’est bien évident. 

  • Les perruques et postiches divers, en location ou à l’achat chez un perruquier, seront au même prix pour un court métrage auto-produit que pour un long métrage de super production. Et c’est logique, car le perruquier devra payer ses employés de toute façon au même prix. 
  • Pourtant votre maquilleur expérimenté peut avoir quelques stocks réutilisables pour vous dépanner à meilleur compte, mais il lui faudra aussi amortir son matériel, et le temps nécessaire avant tournage pour le préparer (nettoyage, coiffure, mise en plis, etc…) selon vos besoins. De plus, il pourra vous faire faire des économies substantielles s’il sait préparer des postiches au collé-décollé, Cf. chap. 2, ou quelques petites prothèses par lui-même.
  • De même, les fournitures de maquillage dans les boutiques spécialisées auront le même prix pour tous (sauf accords publicitaires particuliers, bien entendu, mais c’est plus que très rare…). 
  • Alors, puisqu'il faudra payer pour le matériel, pourquoi serait-ce différent pour l’humain, le maquilleur, qui ferait le travail et le sacrifice total de sa légitime rétribution ? 

A titre indicatif 

Pour vous donner une petite idée, très approximative, des frais que doit engager un jeune maquilleur débutant pour un court métrage, j’ai calculé (en… 2009, alors aujourd'hui avec l'inflation galopante à rajouter à mes calculs ci-dessous) le prix d’un fond de boîte minimum pour une seule séance, naturel ou beauté, si votre maquilleur devait tout acheter. Les prix pouvant varier selon les marques et les fournisseurs, il s’agit là de prix moyens :

  • 450 € de produits basiques + les consommables (coton, kleenex, démaquillant, etc…) 50 € = 500 €. Et avec ça, on ne peut pas attendre des miracles… sans les pinceaux et la mallette, à tous les prix mais de qualités variables.
  • Ajoutez s’il y a lieu : 

     - les faux-cils : de 7 € à 30 € la paire ; 

     - les vernis et faux ongles, de 10 à 50 € ; 

     - les lentilles pour changer la couleur des yeux : 20 à 30€, voire plus pour des lentilles spéciales SFX.

  • Pour un minimum d’effets simples, rajouter 540 €. Et je ne parle pas ici des produits à acheter en autant d’exemplaires qu’il y a de personnes à maquiller pour des raisons d’hygiène évidentes (exemple : les lentilles oculaires et les vernis à dents, pour zombies ou malades, même s’ils peuvent servir plusieurs fois à une personne définie, ils ne doivent pas servir à plusieurs personnes et seront jetés après le tournage). Dans presque tous les cas, même si ce n’est pas une règle absolue, plus il y a de monde à maquiller, plus il y a d’effets à réaliser, plus le prix des fournitures sera élevé. 
  • Si l’importance du travail requiert un ou plusieurs assistants, qui viendront chacun avec sa boite, il conviendra de leur donner aussi un amortissement de leurs frais de fond de boite, au moins 50 € pour la journée. 


Contrairement à ce que croient naïvement certains jeunes débutants, le seul remboursement au maquilleur de ses frais et fournitures ne saurait en aucun cas être considéré comme une rétribution de son travail (cf. ci-dessous : Le bénévolat). D'un strict point de vue juridique, c'est illégal et puni par la loi.

 

Et aussi

Pour un film de fiction, long ou court, rajouter au minimum si le maquilleur débutant n’a pas encore pu acquérir tout le matériel professionnel nécessaire : 

Pour un petit travail de prothèse 

  • Il faut compter un minimum de 500 à 660 € pour des pièces en gélatine ou en silicone, selon le matériel utilisé pour fabriquer les moules et les pièces, et pour acheter les colles appropriées et leurs dissolvants spécifiques, les démoulants, les colorants et un minimum d'outillage léger spécifique.
  • Ce chiffrage comprend le matériel de moulage et de tirage de prothèses prévisible pour un ou deux petits effets — tels que petites cicatrices plates simples, impacts de balles, ou petit masque de zombie, ou équivalents en volume de matériel — pour lesquels l'achat d'un seul petit kit standard complet est nécessaire, mais pas les effets de sang, poussière ou huile évoqués ci-dessus. 
  • Il va de soi, naturellement, que si vous avez besoin d'effets plus nombreux et/ou importants — tels que plusieurs grosses pièces, grandes cicatrices corporelles, plusieurs masques pour plusieurs jours de raccord, etc… — Il faudra à votre équipe des quantités de matériel plus importantes pour faire les moules et tirer les prothèses. Vos coûts augmenteront donc logiquement en conséquence des quantités nécessaires et des conditionnements disponibles.
  • De plus, pour un masque complet, un gros moule en plâtre à l'ancienne est très lourd à manier ; des matériaux modernes beaucoup plus légers seront donc utilisés dans ces cas-là. Bien sûr, ils sont plus chers, surtout dans les quantités nécessaires à ce genre de travail. Les prix, là aussi, dépendront des quantités requises et des conditionnements commerciaux.
  • Les prothèses volumineuses en mousse de latex nécessitant de gros investissements en four et autres lourds équipements de laboratoire ne sont donc pas à la portée du budget d'un film d'amateur ou de débutant, ni accessibles à un maquilleur sortant à peine de l'école s'il n'a pas une solide formation adéquate et un budget sérieux correspondant au projet à réaliser. De tels projets sont plutôt du ressort d'un maquilleur déjà expérimenté ou d'un atelier spécialisé. 
  • 70 € pour fabriquer un seul faux crâne sur mesure (moule, démoulant, pinceaux, produit plastique incolore, colorant éventuel). Il sera pourtant plus économique d’acheter deux calottes standard pour faux crânes (1 pour une seule journée de tournage + 1 en cas de problème soit environ 50 € selon les fournisseurs) que de vouloir en fabriquer une seule si on n'a pas déjà tout le matériel approprié. Il ne commence à devenir intéressant de les fabriquer qu’à partir de 6 ou davantage. Sans parler du temps passé et du prix de la main d’œuvre… Un bon maquilleur saura vous les faire s’il en a vraiment besoin. 

Pour les postiches 

  • Les perruquiers de spectacle vous donneront un devis de fabrication pour chacun des postiches faciaux réutilisables indispensables (variables selon le postiche, la taille, la couleur, je ne vous donnerai donc pas de chiffre ici), mais un bon maquilleur saura vous faire tout postiche facial pour une journée. Voyez comment procéder avec eux au chapitre précédent.
  • S’il n’y a pas besoin de passer chez le perruquier parce que votre maquilleur sait faire les postiches sur place au poil-à-poil, il faut prévoir entre 150 et 1125 € selon que l’on utilisera du crêpé de laine ou du cheveu véritable avec des fers à friser, (je ne parle pas ici du prix des postiches eux-mêmes, mais du matériel et des outils pour s’en servir). 
  • Mais votre maquilleur bien équippé n'aura plus besoin de ces frais d'outillage après sa première occasion où il les aura achetés. Ils lui serviront tout au long de sa carrière. 


Tout cela peut sembler cher pour un film d'école ou autoproduit — à juste titre, j’en conviens — mais c'est incompressible. En revanche, les frais ne bougeront pas forcément beaucoup s’il y a quelques jours de tournage. La situation peut évoluer s’il y a plusieurs semaines de tournage. Sur un long métrage professionnel, produit et payé normalement, ces sommes sont dérisoires et les directeurs de productions connaissent en principe bien le prix des choses et les besoins de ravitaillement selon l’importance des tournages. Nous verrons dans un instant comment faire pour les films d'école ou réellement humanitaires.
 
Les perruques et postiches en cheveux naturels ont certes un coût (que la location diminue très sensiblement dans la plupart des cas), mais ils ont aussi indéniablement une qualité et un rendu parfaits qui ont fait la réputation des films de cape et d'épées d'autrefois. Les films sérieux utiliseront donc ces perruques et postiches que les coiffeurs  pourront recoiffer à tout moment en fonction des besoins du tournage. Les films à trop petit budget, ou mal préparés, recourent aujourd'hui trop souvent à des perruques synthétiques à (relativement) bon marché, mais leur qualité et rendu à l'écran sont aussi bas que leur prix. De plus, il sera rarement possible de les recoiffer à volonté ou de refaire un front adapté pour un acteur. Si ces perruques sont idéales pour les déguisements ou le carnaval, elles risquent donc de donner une mauvaise image du film, du cinéma français et de ceux qui le font dans ces conditions. Ce n'est certainement pas l'intérêt des producteurs, réalisateurs, maquilleurs ou coiffeurs, débutants ou non.
 
Contrairement à ce qu’imposent certaines écoles de cinéma, les producteurs-réalisateurs doivent commencer par s'assurer un minimum de financement sur chaque poste de leur équipe avant d'appeler au bénévolat. Je veux évidemment vous dire que le choix n'est pas entre vous pousser à faire des dépenses somptuaires ou vous empêcher de faire votre film faute de moyens : il faut trouver un juste équilibre, car on n'a JAMAIS, NULLE PART, rien sans rien ; mais il faut absolument faire le minimum d'investissements indispensables pour obtenir un résultat de qualité utile à votre promotion et pas seulement sur les décors ou le matériel informatique. Défendez cette qualité, c'est la seule façon de vous faire bien remarquer, que vous soyez réalisateur, producteur, maquilleur ou coiffeur.
 
Sans parler des gags vendus en farce-et-attrape, bien évidemment inutilisables pour un effet réaliste au cinéma, les faux-nez et certaines blessures standard vendus en boutique sont rarement utilisables au cinéma puisqu’ils ne sont précisément pas faits pour votre acteur : leurs bordures risquent de mal joindre sur le visage et d’être visibles. Il faudra donc faire faire sur mesure (pour les postiches) et sur moulage (pour les prothèses) ce dont vous aurez besoin pour votre tournage par votre maquilleur et son équipe si vous voulez du travail invisible de qualité. Il faudra aussi systématiquement prévoir un jeu de secours de chaque pièce en cas de problème, ça coûtera de toute façon moins cher que de devoir faire revenir l'équipe, surtout si c’est fait par votre maquilleur compétent en la matière. Le coût de revient dépendra alors de deux choses différentes : vos accords de rémunération du technicien et le prix des fournitures indispensables pour réaliser les travaux pour une ou plusieurs personnes à maquiller. Le prix des fournitures sera nécessairement le prix du commerce. Pour autant, s’il faut un peu de sous pour payer les fournitures, le résultat dépend surtout de la compétence de la personne qui s’en sert.
 
Mais, bien entendu, un professionnel peut avoir déjà tout ou partie du matériel nécessaire pour votre tournage, minimisant ainsi les frais de fournitures. Dans ce cas, d’accord avec vous, il pourra avancer son matériel pour votre tournage et achètera, à vos frais, de quoi remplacer ou compenser ce qu’il aura utilisé.
 
Soyez assuré qu'il n’y aura jamais de sous-titre expliquant que le maquillage est mauvais parce que le maquilleur n’a pas eu le temps de préparation ou le budget nécessaire : on dira que le maquilleur (et ce ne sera alors pas forcément de sa faute !…) et le film sont mauvais. Ce n’est sûrement pas l’intérêt des maquilleurs ni des réalisateurs de courts-métrages car leurs films leur serviront de carte de visite auprès des producteurs de longs métrages. Il vaudra donc mieux qu’ils aient l’air sérieux. Pensez-y bien, dans votre propre intérêt : votre avenir en dépend. 


Even on a self-produced or low-budget short film, it is entirely unrealistic to believe that you can get everything for nothing : everything has its minimum price. This is obvious. 

  • Wigs and various hairpieces, whether rented or purchased from a wigmaker, will be at the same price for a self-produced short film as for a big-budget feature film. This is logical, as the wigmaker will have to pay their employees the same wages regardless.
  • However, your experienced makeup artist might have some reusable stock to help you out at a better rate, but they will still need to amortise their equipment and the time needed before the shoot to prepare it (cleaning, styling, setting, etc.) according to your needs. Additionally, they could save you significant costs if they know how to prepare floated off facial hairpieces or small prosthetics themselves, as mentioned in Chapter 2.
  • Similarly, makeup supplies from specialised shops will have the same price for everyone (except for special advertising agreements, which are exceedingly rare). 
  • So, since you will have to pay for the materials, why should it be any different for the human element, the makeup artist, who would be doing the work and sacrificing their rightful remuneration?

For Your Information

  • To give you a rough idea of the expenses a young beginner makeup artist would need to incur for a short film, I calculated (in 2009, so with today's rampant inflation to add to my calculations below) the cost of a basic kit for a single session, natural or beauty, if your makeup artist had to buy everything. Prices may vary depending on brands and suppliers, so these are average prices: Basic products: 450 € + consumables (cotton, tissues, makeup remover, etc.) 50 € = 500 €. And with that, you can't expect miracles... without brushes and a case, which vary widely in price and quality.
  • Add if necessary:

     - False eyelashes: 7 € to 30 € per pair;

     - Nail polish and false nails: 10 € to 50 €;
     - Contact lenses to change eye colour: 20 € to 30 €, or more for special SFX lenses.

  • For a minimum of simple effects, add 540 €. And I am not talking about products that need to be purchased in as many copies as there are people to be made up for obvious hygiene reasons (e.g., contact lenses and tooth enamel for zombies or sick characters, even if they can be used several times by a defined person, they should not be used by multiple people and will be discarded after the shoot). In almost all cases, although it is not an absolute rule, the more people to be made up and the more effects to be realised, the higher the cost of supplies will be.
  • If the scale of the work requires one or more assistants, each bringing their own kit, they should also be given an allowance for their basic kit costs, at least 50 € for the day.


Contrary to what some naive young beginners might think, simply reimbursing the makeup artist for their expenses and supplies cannot in any way be considered remuneration for their work (cf. below: Volunteering). From a strict legal standpoint, this is illegal and punishable by law.


And also

For a fiction film, whether long or short, if the beginner makeup artist has not yet been able to acquire all the necessary professional equipment, you need to add at least the following :

For Small Prosthetic Work

  • You should budget a minimum of 500 € to 660 € for gelatin or silicone pieces, depending on the materials used to make the moulds and pieces, and to purchase the appropriate adhesives and their specific solvents, mould releases, colourants, and a minimum of specific light tools.
  • This estimate includes the moulding and casting materials for predictable prosthetics for one or two small effects—such as simple flat scars, bullet wounds, or a small zombie mask, or equivalent in material volume—for which a single small complete standard kit is necessary. However, it does not include blood effects, dust, or oil mentioned earlier.
  • Naturally, if you need more and/or larger effects—such as several large pieces, large body scars, several masks for multiple days of continuity, etc.—your team will need larger quantities of materials to make the moulds and cast the prosthetics. Therefore, your costs will logically increase in line with the required quantities and available packaging.
  • Additionally, for a full mask, a large old-fashioned plaster mould is very heavy to handle ; much lighter modern materials will be used in such cases. Of course, these are more expensive, especially in the quantities required for this kind of work. Prices, again, will depend on the required quantities and commercial packaging.
  • Large foam latex prosthetics requiring significant investments in ovens and other heavy laboratory equipment are therefore beyond the budget of an amateur or beginner film, and not accessible to a makeup artist fresh out of school unless they have solid training and a serious budget corresponding to the project. Such projects are typically within the realm of an already experienced makeup artist or a specialised workshop.
  • It costs approximately 70 € to make a single custom bald cap (mould, release agent, brushes, clear plastic product, possible colourant). However, it will be more economical to buy two standard skull caps (one for a single day of shooting + one in case of problems, about 50 € depending on the suppliers) than to try making just one without the appropriate equipment. It only becomes worthwhile to make them from scratch starting from six or more. Not to mention the time spent and the cost of labour… A good makeup artist will be able to make them if really needed.

For Facial Hairpieces

  • Theatrical wigmakers will provide a manufacturing quote for each essential reusable facial hairpiece (variable depending on the hairpiece, size, colour, etc., so I won’t provide a specific figure here). However, a skilled makeup artist can create any facial hairpiece within a single day. Refer to the previous chapter for guidance on how to proceed with them.
  • If there is no need to visit a wigmaker because your makeup artist can craft the hairpieces on-site using the hand laid method, you should budget between 150 € and 1,125 €, depending on whether wool crepe or real hair is used, along with curling irons (I’m not referring to the cost of the hairpieces themselves, but rather the materials and tools required to make them).
  • However, a well-equipped makeup artist will no longer require these tooling costs after their initial investment. These tools will serve them throughout their career.


All of this may appear costly for a school or self-produced film — rightfully so, I concede — but it is unavoidable. However, the costs may not rise significantly if there are only a few days of shooting. The scenario could change if the shoot spans several weeks. For a professionally produced feature film, these amounts are trivial, and production managers generally understand the costs and supply requirements based on the shoot's scale. Later, we’ll discuss how to manage school or genuinely humanitarian films.


Wigs and hairpieces made from natural hair do have a cost (which rentals often significantly reduce), but they also have an undeniable quality and perfect rendering that made the reputation of old swashbuckling films. Serious films will therefore use these wigs and hairpieces, which hairdressers can restyle at any time according to the needs of the shoot. Low-budget or poorly prepared films often resort to relatively cheap synthetic wigs, but their quality and on-screen appearance are as low as their price. Moreover, it will rarely be possible to restyle them at will or create an adapted front for an actor. If these wigs are ideal for disguises or carnival, they risk giving a poor image of the film, French cinema, and those who make it under these conditions. This is certainly not in the interest of producers, directors, makeup artists, or hairdressers, whether beginners or not.


Contrary to what some film schools impose, producers-directors must first secure a minimum of funding for each department before calling for volunteers. I obviously do not mean to push you into extravagant expenses or prevent you from making your film due to lack of resources: you must find a fair balance, as you NEVER, NOWHERE,  get something for nothing ; but you must make the minimum necessary investments to achieve a quality result useful for your promotion, and not just on sets or computer equipment. Defend this quality, it is the only way to get noticed positively, whether you are a director, producer, makeup artist, or hairdresser.


Without even mentioning the gags sold in joke shops, which are obviously unusable for a realistic effect in cinema, off-the-shelf fake noses and some standard wounds sold in stores are rarely usable in films as they are not made for your actor: their edges may not fit well on the face and may be visible. Therefore, you will need to have custom-made pieces (for hairpieces) and moulds (for prosthetics) for your shoot, made by your makeup artist and team if you want quality invisible work. You will also need to systematically plan a backup for each piece in case of problems; it will cost less than having to reshoot, especially if it is done by your competent makeup artist. The cost depends on two factors: your remuneration agreement with the technician and the cost of essential supplies to carry out the work for one or several people to be made up. The cost of supplies will inevitably be the market price. However, while money is needed to pay for supplies, the result mainly depends on the skill of the person using them.


However, a professional may already have some or all of the necessary equipment for your shoot, minimising supply costs. In this case, in agreement with you, they can advance their equipment for your shoot and buy, at your expense, enough to replace or compensate for what they have used.


Rest assured that there will never be a subtitle explaining that the makeup is poor because the makeup artist did not have the preparation time or the necessary budget: they will say that the makeup artist (and it may not necessarily be their fault!…) and the film are poor. This is certainly not in the interest of makeup artists or short film directors, as their films will serve as business cards to producers of feature films. It would be better if they looked professional. Think about it carefully, for your own interest: your future depends on it.



Le bénévolat 

Volunteering

Maintenant que vous avez vu dans le premier chapitre ce qu’est le Maquillage de Cinéma, dans le second qui sont les maquilleurs, dans le troisième ce qu’on est en droit d’attendre d’eux, le parcours du combattant qu’ils doivent accomplir pour devenir maquilleurs de cinéma dans les 4e et 5e, et comment aborder la Préparation d’un film, vous savez que ce travail n’est pas « peu de chose, presque rien » et mérite légitimement, tout autant que votre propre travail, considération et reconnaissance.

 

Ceux qui recherchent des blessures et autres maquillages de zombies, des faux-crânes complets ou partiels, ou ceux qui ont besoin d'un vieillissement crédible ou d'une créature extraordinaire peuvent consulter les chapitres 9, 10 et 11 consacrés à ces sujets pour se faire une idée du travail que cela représente. Le budget dépendra des matériaux mis en œuvre et du temps qu'il faudra pour réaliser ces travaux. Ils peuvent aussi consulter un maquilleur prothésiste confirmé pour avoir une idée approximative selon leurs désirs et budget. Je vous rappelle que même s'il est préférable d'avoir une prothèse fiable, pour un seul jour de tournage il est toujours possible de travailler directement sur l'artiste si on dispose des produits adéquats et si on sait s'en servir (cf. Les différents types de maquillage au cinéma / Effets simples courants) : le travail est délicat, peut être plus ou moins long selon l'importance de la blessure à faire, et réclame une surveillance continuelle (traces de coups dans la pâte à modeler classique, décollement du silicone, entre autres) pendant le tournage, mais ça marche bien s'il n'y a pas de raccord à faire ultérieurement.

 

Pour être équitable, je dois maintenant vous parler du bénévolat que certains trouvent normal de demander et d’attendre, comme si tout le monde devait s’investir dans leur projet autant, voire davantage, qu’eux mêmes.

 

J’ai déjà indiqué les conventions collectives régissant les usages professionnels et les tarifs minimums reconnus par les employeurs normaux pour tous les techniciens de cinéma, donc aussi pour les maquilleurs, dans le chapitre Qui sont les maquilleurs au cinéma ?, je vous invite à les consulter ici pour voir la valeur minimum réelle de ce que ces jeunes réalisateurs encore ignorants des réalités, des lois et des choses du métier demandent si abusivement. Pour autant, ce tarif minimum ne s’applique à chaque poste que pour un premier film, rappelons-le. Ce n’est donc pas censé être un plafond de référence, loin de là, et beaucoup de maquilleurs expérimentés travaillent normalement à un salaire supérieur. Il en est de même pour tous les autres postes d'une équipe technique.

 

Je sais que les courts-métrages sont à petits budgets, que l’on dit même souvent qu’il n’y a pas de budget du tout, et qu’on attend presque systématiquement des maquilleurs qu’ils soient bénévoles. C’est même une exigence scandaleuse de certaines écoles qui interdisent à leurs élèves de payer les gens qu’ils vont employer, sous prétexte de leur faire découvrir les vrais problèmes du métier. 

 

C’est précisément là la carence grave de nos écoles de cinéma actuelles qui ne vous apprennent pas à intégrer le coût du maquillage dans vos devis, donc dans vos plans de financement. Il ne faut pas négliger cet aspect économique du métier au risque non seulement de mépriser les techniciens et leur fonction — par ignorance de ce que ça coûte aux gens quand on leur demande d’être bénévoles — mais aussi de risquer de vous priver de l’apport artistique si riche du maquillage. Ce qui serait grand dommage pour votre film.

 

Un maquilleur au cinéma ne se facture pas à l'heure comme un artisan comme on le croit trop souvent dans les annonces : « — Votre présence ne dépassera pas 3 ou 4 heures ». Le maquilleur devra toujours être là au moins une à deux heures avant le début du tournage pour préparer les acteurs et ensuite rester pour assurer la surveillance pendant tout le temps nécessaire et ensuite il devra démaquiller les artistes. Sans compter son temps de voyage pour aller au tournage et en revenir. Il accorde donc beaucoup plus que les fameuses 3 ou 4 heures de l'annonce et ne peut donc rien faire d'autre dans sa journée qui lui aurait rapporté rémunération.

C'est pour cela que la Convention Collective stipule que "Toute journée commencée est due en entier". Résumer la présence du maquilleur à la partie visible de l'iceberg montrerait votre ignorance professionnelle en la matière, et votre mépris pour cette catégorie de techniciens, ce qui n'encouragera personne à vouloir travailler pour vous. Faites donc attention à la façon dont vous rédigez vos annonces cherchant du personnel.

Un professionnel du maquillage peut toujours exceptionnellement donner une journée de son temps à un parent ou un ami qu’il connaît bien pour avoir déjà travaillé avec lui. C’est parfois possible quand il n’y a rien d’extraordinaire à faire. Mais dès qu’il y a des personnages à créer, et c’est le cas systématiquement sur tout film de fiction, il y a de la part du maquilleur un investissement de temps important, bien au delà de la seule journée de tournage apparente, comme je vous l'ai expliqué dans le chapitre sur la préparation et développé dans le suivant sur la Conception des personnages justes. En outre, il peut y avoir des frais de fournitures spécifiques (fonds de teints particuliers, postiches spéciaux sur mesures…) en plus des fournitures basiques comme nous l’avons vu plus haut.

 

Or, même pour un film d’école, même pour un court métrage autoproduit, même en période de crise, il faut bien que quelqu'un paye pour l'ensemble des fournitures. Les frais de matériel ne peuvent pas et ne doivent pas être à la charge de celui ou celle qui vous rend service.

 

Pas plus que ses déplacements (taxi, train ou avion), son hébergement, ses repas. C’est bien la moindre des choses. Et si vous, réalisateurs débutants, avez payé très cher votre école, pensez que les élèves maquilleurs ont payé aussi cher que vous, si ce n’est pas plus. Il est donc logique qu’ils perçoivent sur votre tournage au moins un peu plus que le remboursement de l’intégralité des frais engagés, ne serait-ce que pour leur permettre de continuer à investir en matériel pour leur fond de boîte (lequel vous est utile aussi) ou à rembourser un peu de leur frais de scolarité. Vous leur devez bien au moins ça. 

 

Et, même pour un court métrage, même si vous pensez avoir déjà beaucoup dépensé en faisant vos propres achats, c’est donc à vous, producteurs - réalisateurs responsables, de payer pour la totalité de ces fournitures, et un petit budget doit être prévu pour rémunérer (ou au moins indemniser) le travail du maquilleur, en sus de ses frais. Comme pour tout autre poste de l’équipe. 

 

Il y a quelques temps, j'ai trouvé sur Internet cette fiche qui explique et définit précisément ce qu'est le bénévolat juridiquement aux yeux de l'URSSAF. Comme on comprend bien que cela ne peut s'appliquer à une prestation maquillage, au cinéma ou en photo, il vaut mieux la lire, que vous soyez photographe ou maquilleur, afin de vous éviter des désagréments :
http://www.comcom.fr/les-benevoles-dans-le-secteur-culturel-sont-ils-des-salaries-comme-les-autres (voyez ci-dessous comment faire pour payer normalement les intermittents). 

 

Pour ceux d’entre vous qui comprennent l’anglais, vous trouverez ci-dessous un petit clip très drôle que m'a jadis communiqué John Woodbridge et qui vous montrera avec un grand humour l’absurdité de ce genre de demandes de bénévolat.
 https://www.youtube.com/watch?v=R2a8TRSgzZY&feature=player_embedded

 

Le cinéma est pour moi — comme pour beaucoup d'autres — un métier-passion. Cela signifie que si la passion donne envie de vivre, le métier est censé devoir permettre au maquilleur, tout comme au réalisateur, de payer ses frais de vie grâce à son travail. Il est donc normal qu'il soit rétribué pour son travail sur votre film.

 

Ce qui vous permettra de retrouver votre maquilleur quand vous en aurez besoin sur un film à budget normal.



Now that you've seen what Makeup for Cinema entails in the first chapter, who makeup artists are in the second, what we can expect from them in the third, the hurdles they must overcome to become cinema makeup artists in the 4th and 5th, and how to approach Film Preparation, you understand that this work is not “ just a small thing, almost nothing ” and deserves, rightfully, as much consideration and recognition as your own work. 

For those seeking wounds and other zombie makeups, complete or partial bald caps, or those in need of credible aging or extraordinary creatures, they can refer to chapters 9, 10, and 11 dedicated to these subjects to get an idea of the work involved. The budget will depend on the materials used and the time required to complete these tasks. They can also consult a confirmed prosthetic makeup artist to get a rough idea according to their desires and budget. I remind you that although it's preferable to have reliable prosthetics, for a single day of shooting, it's always possible to work directly on the artist if you have the right products and know how to use them (see Different Types of Makeup in Cinema / Common Simple Effects): the work is delicate, may take more or less time depending on the severity of the wound to be created, and requires continuous monitoring (traces of blows in classic modelling wax, silicone detachment, among others) during filming, but it works well if there are no continuity retakes needed afterward. 

To be fair, I must now discuss the issue of volunteering, which some find normal to request and expect, as if everyone should invest in their project as much as or even more than they themselves do.

I've already mentioned the collective agreements governing professional practices and the minimum rates recognized by normal employers for all cinema technicians, including makeup artists, in the chapter Who are the makeup artists in cinema, I invite you to consult them here to see the real minimum value of what these young directors, still ignorant of realities, laws, and industry practices, demand so abusively. However, this minimum rate only applies to each position for a first film, let's remember that. Therefore, it's not supposed to be a reference ceiling, far from it, and many experienced makeup artists normally work at a higher salary. The same goes for all other positions in a technical team. 

I know that short films have small budgets, often said to have no budget at all, and makeup artists are almost systematically expected to work as volunteers. This is even a scandalous requirement of some schools that forbid their students from paying the people they will employ, under the pretext of exposing them to the real problems of the profession. 

This is precisely the serious deficiency of our current film schools that do not teach you to integrate the cost of makeup into your budgets, and thus into your financing plans. Neglecting this economic aspect of the profession risks not only despising technicians and their role—due to ignorance of what it costs people when they are asked to work as volunteers—but also risks depriving you of the rich artistic contribution of makeup. This would be a great loss for your film. 

A cinema makeup artist is not billed by the hour like a craftsman, as is too often believed in job postings: "— Your presence will not exceed 3 or 4 hours." The makeup artist should always be there at least one to two hours before the start of filming to prepare the actors and then stay to ensure surveillance for as long as necessary and then remove the makeup from the artists. Not to mention their travel time to and from the filming location. They, therefore, invest much more than the famous 3 or 4 hours advertised and cannot do anything else in their day that would bring them remuneration. 

That is why the Collective Agreement stipulates that "Any day started is due in full." Reducing the presence of the makeup artist to the visible part of the iceberg would show your professional ignorance in the matter and your contempt for this category of technicians, which would not encourage anyone to want to work for you. So, pay attention to how you word your job postings when seeking personnel.


A makeup professional may exceptionally donate a day of their time to a family member or friend they know well and have worked with before. This is sometimes possible when there is nothing extraordinary to do. But as soon as there are characters to create, and this is systematically the case in any fiction film, there is a significant time investment on the part of the makeup artist, far beyond just the apparent shooting day, as I explained in the chapter on preparation and developed in the following one on Creating Accurate Characters. In addition, there may be specific supply costs (special foundations, custom-made prosthetics...) in addition to basic supplies as we have seen earlier. 

However, even for a school film, even for a self-produced short film, even in times of crisis, someone has to pay for all the supplies. Material costs cannot and should not be borne by the person providing the service.

Nor should their transportation (taxi, train, or plane), accommodation, or meals. That's the least you can do. And if you, responsible producer-directors, have paid a lot for your education, remember that makeup students have paid as much as or even more than you. It is therefore logical that they receive on your shoot at least a little more than the reimbursement of all expenses incurred, if only to allow them to continue to invest in materials for their kit (which is also useful to you) or to reimburse some of their tuition fees. You owe them at least that much. 

And even for a short film, even if you think you've already spent a lot by making your own purchases, it's up to you, responsible producer-directors, to pay for all these supplies, and a small budget must be provided to remunerate (or at least compensate) the makeup artist's work, in addition to their expenses. As for any other position on the team. 

Some time ago, I found on the internet this document that explains and precisely defines what volunteering is legally in the eyes of URSSAF. Since it is well understood that this cannot apply to a makeup service, whether in cinema or photography, it is better to read it, whether you are a photographer or a makeup artist, to avoid any inconvenience : link (see below how to pay intermittent workers normally)

For you English speaking people, below is a very funny clip that John Woodbridge once shared with me, showing you with great humor the absurdity of such requests for volunteering.
https://www.youtube.com/watch?v=R2a8TRSgzZY&feature=player_embedded


For me, and for many others, cinema is a passion-driven profession. This means that while passion fuels our desire to live, the profession should enable the makeup artist, just like the director, to cover their living expenses through their work. It is therefore only natural that they be compensated for their work on your film.


This will enable you to reconnect with your makeup artist when you need them for a film with a normal budget.





Résumons la situation

Let's summarise the situation

  • Actuellement, vous qui devez faire un film sans argent, vous n’allez pas chercher à vous procurer la somme nécessaire avant le tournage puisque, paradoxalement, on ne vous y incite pas dans votre école, mais vous demandez des travailleurs bénévoles (et nous avons vu précédemment ce que ce bénévolat peut leur coûter) par petites annonces ou vous vous adressez dans les écoles.
  • On ne vous a pas parlé du maquillage dans votre scolarité pour vous en présenter l'intérêt réel, ses possibilités, ses coûts et ses délais. Comme vous n'en connaissez que ce que la presse signale, vous n'en avez donc qu'une idée embellie, fantasmatique, irréelle, détachée du concret du travail et des coûts réels qui ne sont jamais mentionnés dans les journaux. Résultat : vous vous indignez vertement, mais à tort quand on ose vous réclamer un dédommagement pour participer à votre film ou un remboursement de frais.
  • Certaines écoles de maquillage, croyant se faire de la publicité, proposent leurs élèves pour faire le travail gratuitement à la place de professionnels. Elles ont une courte vue : elles font du tort au métier et à elles-mêmes, autant qu’à leurs anciens élèves qu’elles privent ainsi du travail payé qui leur permettrait de vivre du métier qu'elles leur ont appris, et elles induisent en erreur par ce mauvais comportement professionnel. 


Ce système n’est finalement bon pour personne. 

Tout cela est absurde.

Dans le cinéma comme ailleurs, les stages ont pour but premier de former les étudiants, réalisateurs, maquilleurs ou tout autre poste technique. Ce n'est pas de la main d'œuvre gratuite. Un étudiant n’est pas encore un professionnel, il n'a pas encore tout appris, ne connait pas encore toutes les bases minimum indispensables et ne sait donc pas comment faire bien tout ce que peut faire un professionnel expérimenté.

     

Ce serait donc dangereux : 

  • pour vous : de lui confier la responsabilité de votre tournage, au risque d’un problème quelconque aux conséquences financières (et peut être humaines) plus ou moins graves ;
  • pour lui : s’il échoue car une mauvaise image de lui resterait sur le film pendant des années ; et pendant qu’il tourne pour vous il manque ses cours, peut-être importants pour lui ;
  • pour l’école et sa réputation : s’il y a un pépin ; sans compter le mécontentement des élèves…
  • et aussi pour le métier en général : si tous les postes de maquilleurs sont ainsi pourvus gratuitement, les écoles formeraient donc des élèves… qui ne trouveraient pas de travail normalement rémunéré après l’école, les places étant occupées par leurs successeurs… 


Ce serait alors l’absurde inverse du but recherché normalement tant par les élèves que par les écoles elles-mêmes. 



  • Currently, those of you who need to make a film without money won't seek to raise the necessary sum before shooting, paradoxically, as you aren't encouraged to do so in your school. Instead, you ask for volunteer workers (and we've previously seen what this volunteering can cost them) through classified ads or by reaching out to schools.
  • You haven't been taught about makeup in your education to present its real value, its possibilities, its costs, and its deadlines. Since you only know about it from what the press reports, you have an embellished, fantastical, unreal idea detached from the concrete work and real costs that are never mentioned in the newspapers. As a result, you vehemently protest, albeit wrongly, when asked for compensation to participate in your film or reimbursement of expenses.
  • Some makeup schools, believing they're promoting themselves, offer their students to do the work for free instead of professionals. They have short-sightedness : they harm the profession and themselves, as well as their former students whom they deprive of paid work that would allow them to make a living from the profession they've been taught, and they mislead through this unprofessional behavior.


This system is ultimately good for no one.

All this is absurd.

In cinema, as elsewhere, internships are primarily intended to train students, directors, makeup artists, or any other technical position. It's not free labour. A student is not yet a professional, they haven't learned everything yet, don't yet know all the minimum essential basics, and therefore don't know how to do everything well that an experienced professional can do.

It would therefore be dangerous:

  • for you : to entrust them with the responsibility of your shoot, risking any financial (and perhaps human) consequences of any problems ;
  • for them : if they fail because a bad image of them would remain on the film for years; and while shooting for you, they miss their classes, which may be important for them ;
  • for the school and its reputation : if there is a mishap; not to mention the dissatisfaction of the students...
  • and also for the profession in general : if all makeup positions are thus filled for free, schools would therefore be training students... who wouldn't find normally paid work after school, as the positions would be filled by their successors...


It would then be the absurd opposite of the intended goal normally sought by both students and schools themselves.

Alors, comment faire ?

So, how to do it?

  • Consommer dans un restaurant sans avoir de quoi payer en toute connaissance de cause s'appelle de la grivèlerie (Art. 313-5 du Code Pénal = 6 mois d'emprisonnement et 7500 € d'amende) ;
  • prendre des marchandises sans payer s'appelle de l'escroquerie (5 ans d'emprisonnement et 37500 € d'amende) ou du vol ;
  • faire travailler pour le seul remboursement des frais est illégal, et je suis certain que vous ne voulez pas vous mettre dans un aussi mauvais cas. 


Voici donc comment faire normalement.

 

Cinéaste amateur ou débutant, la première des choses est de vous assurer que vous avez les moyens de tourner votre film, honnêtement, pour tout les postes de votre équipe. Sinon, faites comme tout le monde : cherchez du financement. C’est le b.a.-ba du cinéma et de toute affaire normale ; c'est aussi le métier du producteur, même s'il est aussi le réalisateur. Au besoin, regroupez-vous avec des collègues, faites moins de films, peut être, mais des films plus étoffés qui respectent tout le monde. Soyons clairs : il n’est tout simplement pas possible, pas viable, de ne travailler que bénévolement. 

Faire travailler toute une équipe d'êtres humains n'est pas un simple jeu de soldats de plomb pour enfants gâtés inconscients des autres. Faire un film est un métier sérieux, comme tout autre.

 

Selon la législation en vigueur actuellement en France, les gens que vous allez employer sur votre film relèvent de l’Art. VIII de la Convention Collective Nationale pour les techniciens et de l’Art. X pour les artistes, comme cela a déjà été signalé dans les chapitres précédents. 

 

Pour être en règle avec la Loi française, voici comment payer les intermittents (acteurs ou techniciens) donc les maquilleurs dans le spectacle.  http://www.comcom.fr/faire-travailler-et-remunerer-des-intermittents-du-spectacle 

 

Pour les maquilleurs hors spectacle, tant qu'il n'y aura pas de statut officiel, il faudra donc continuer d'appliquer ces règles, comme de coutume, ou contourner la loi à vos risques et périls. 

  • Eating at a restaurant without having the means to pay, fully aware of this, is called "dining and dashing" (Art. 313-5 of the Penal Code = 6 months' imprisonment and a fine of 7.500 €) ;
  • taking goods without paying is called "fraud" (5 years' imprisonment and a fine of 37.500 €) or "theft";
  • making someone work for mere expense reimbursement is illegal, and I am sure you do not want to find yourself in such a dire situation.


So here's how to proceed normally.


As an amateur or novice filmmaker, the first thing is to ensure that you have the means to shoot your film honestly, for all positions on your team. Otherwise, do as everyone else : seek financing. It's the basics of cinema and any normal business ; it's also the job of the producer, even if they're also the director. If necessary, collaborate with colleagues, make fewer films perhaps, but more substantial ones that respect everyone. Let's be clear: it's simply not possible, not viable, to work only voluntarily.

Employing a whole team of human beings is not just a game of toy soldiers for unaware spoiled children. Making a film is a serious profession, like any other.

According to current legislation in France, the people you will employ on your film fall under Art. VIII of the National Collective Agreement for technicians and Art. X for artists, as already mentioned in the previous chapters.

To comply with French law, here's how to pay intermittent workers (actors or technicians), including makeup artists, in the entertainment industry.
http://www.comcom.fr/faire-travailler-et-remunerer-des-intermittents-du-spectacle 

For makeup artists outside of the entertainment industry, as long as there is no official status, you will therefore need to continue to apply these rules, as usual, or circumvent the law at your own risk.

Une solution parmi d’autres 

One solution among others

Pour autant, bien qu’il ne soit pas question pour moi d’inciter un technicien à faire un film normal à de mauvaises conditions, on l’aura bien compris, il n’est bien évidemment pas question d’empêcher que les élèves réalisateurs fassent leurs films d’école, ce serait absurde pour le cinéma : les courts-métrages sont indispensables au cinéma et à la culture, et une mine d'or artistique dans beaucoup de cas. Alors, tout en sachant que tout travail doit légalement être payé selon les critères en vigueur, essayons de trouver un moyen d’organiser les choses pour que ces films se fassent malgré les difficultés et soient profitables à tout le monde, quelle que soit sa branche. Il ne faut pas avoir peur de contacter un professionnel expérimenté pour lui demander de vous aider pour votre film d'école et discuter d'une compensation quelconque à trouver ensemble. 

 

Comme un stagiaire est là pour apprendre, et non pour faire, il faut qu’il apprenne sous la houlette d’un maître compétent sur un tournage réel, car outre les techniques apprises confortablement en classe, il faut apprendre la dure réalité de la vie de plateau – ce qui ne peut pas s’apprendre à l’école – les rapports avec les autres techniciens, sa propre place dans une équipe, comprendre qu’on est une brique qui doit s’intégrer dans l’édifice en construction qu’est un film. Le générique d’un film annonce d’ailleurs le nom de toutes ces briques qui ont participé à sa réalisation : aucune n’est inutile. C'est la signature collective du tableau.

 

L’idéal serait de prévoir un budget maquillage, même petit, permettant d’engager un chef maquilleur rémunéré (ou au moins indemnisé convenablement) et de lui adjoindre un ou deux stagiaire(s), élève(s) d’une école ou sorti(s) depuis peu, pour qu’il le(s) forme (ayant le temps pour cela) et le(s) fasse bien travailler sous sa responsabilité. 

 

Ainsi : 

  • Vous aurez du bon travail, une bonne carte de visite à présenter à des producteurs futurs employeurs, et un film qui pourra être accepté et distribué moyennant finances par les diffuseurs, vous permettant ainsi de récupérer votre budget devenu un investissement. 
  • Un professionnel aura gagné sa vie et connu un débutant qu’il pourra éventuellement rappeler si leur collaboration a été fructueuse. 
  • Un étudiant aura appris son métier correctement et connu un chef pour débuter son carnet de (bonnes) relations, étant bien entendu qu’il pourra aussi faire d’autres stages avec d’autres chefs.  
  • Tout le monde sera content, car ainsi se refera le brassage des générations et le passage des techniques se fera dans l’intérêt de tous et au profit de chacun. 


Le principe de la rémunération du maquilleur étant reconnu et acquis, en sus des frais, il vous appartiendra d’en négocier le montant raisonnable avec lui. Précisons bien que ce genre d'agrément n'est valable que dans le cas de films d'écoles ou d'amateurs pour aider à la pérennité de l'industrie cinématographique, les conditions réglementaires et tarifs normaux devant obligatoirement s'appliquer aux (télé)films normaux. 

 

On pourra penser ce qu’on voudra de cette suggestion, mais on ne saurait la rejeter sans l’avoir essayée. Dans l’intérêt même de l’avenir du cinéma, j’invite donc les jeunes réalisateurs-producteurs à faire tous leurs efforts pour la mettre en pratique. J’invite aussi mes jeunes collègues maquilleurs à ne pas accepter, dans leur propre intérêt, les demandes de travail bénévole avec simple remboursement des frais plus ou moins limité, et à accepter de préférence une proposition faite selon les critères proposés ci-dessus ; ceci leur permettra de développer leurs connaissances avec des maquilleurs capables de leur transmettre quelque chose de plus. Ils peuvent aussi chercher eux-mêmes un chef-maquilleur pour les aider si on leur propose un tournage. 

 

Et, naturellement, comme pour moi-même, j'invite mes collègues maquilleurs en fin de carrière (ils ont déjà beaucoup d'expérience à offrir) ou les plus jeunes en milieu de carrière entre deux contrats normaux, à accepter avec bienveillance ce genre de propositions utiles à tous. Réfléchissez-y sérieusement. 

 

Bien entendu, cette idée ne peut fonctionner que si chacun est loyal envers l’autre. L’apprenti réalisateur-producteur devra accepter qu’on ne fait pas un film avec rien et apprendre à prévoir un budget minimum suffisant avant de commencer à tourner. Je sais que c’est difficile, mais on n’entre pas dîner au restaurant sans avoir de quoi payer l’addition si on n'est pas invité par quelqu'un qui le pourra, et ce n’est qu’au prix de cette loyauté que les réalisateurs trouveront des maquilleurs (et tous les autres postes) disposés à les aider et à faire un effort sur leur rétribution pour faire leurs films dans d’excellentes conditions profitables pour tous. 

 

En tout cas, en attendant de retrouver des films à conditions de travail normales, c’est ce que je souhaite : à vous réalisateurs-producteurs débutants, et à vous, mes chers collègues maquilleurs. 

 

Le chapitre suivant vous exposera Comment concevoir des personnages justes et approfondira le chapitre 6 sur la préparation du maquillage.

However, while it's not my intention to encourage a technician to work on a regular film under poor conditions, as you've undoubtedly gathered, it's also clearly not about preventing student filmmakers from making their school films. That would be absurd for cinema: short films are indispensable to cinema and culture, and they often represent a wealth of artistic talent. So, while knowing that all work must legally be paid according to prevailing criteria, let's try to find a way to organize things so that these films can be made despite the difficulties and be beneficial to everyone, regardless of their branch. Don't hesitate to contact an experienced professional to ask for help with your school film and discuss some form of compensation together.

Since an intern is there to learn, not to perform, they must learn under the guidance of a competent master on a real shoot. Beyond the techniques learned comfortably in class, they need to learn the harsh reality of life on set – something that cannot be taught in school – including interactions with other technicians, their own place within a team, and understanding that they are a crucial part of the building process that is a film. The credits of a film announce the names of all these building blocks that contributed to its realization : none are useless. This is the collective signature of the painting.

The ideal scenario would be to budget for makeup, even if it's small, to engage a paid (or at least properly compensated) chief makeup artist and to assign one or two intern(s), student(s) from a school or recent graduate(s), for them to be trained (with sufficient time) and to work under their supervision. 

This arrangement would bring benefits :

  • You'll have good work and a strong portfolio to present to potential future employers, and a film that can be accepted and distributed for a fee by broadcasters, allowing you to recoup your investment.
  • A professional will have earned a living and met a newcomer whom they may recall for future collaborations if their partnership proves fruitful.
  • A student will have learned their craft properly and connected with an experienced mentor to start building their network, understanding that they can also undertake other internships with other mentors.
  • Everyone will be content, facilitating the exchange of knowledge between generations and ensuring that techniques are passed down in everyone's interest.


With the principle of makeup artist remuneration acknowledged, in addition to expenses, it's up to you to negotiate a reasonable amount with them. It's important to note that this kind of arrangement is valid only for school or amateur films to help sustain the film industry ; standard regulatory conditions and rates must apply to normal (tele)films.

Some may have reservations about this suggestion, but it shouldn't be dismissed without trying it. In the interest of the future of cinema, I therefore urge young director-producers to make every effort to put it into practice. I also encourage my young makeup artist colleagues not to accept requests for voluntary work with only limited expense reimbursement, for their own benefit, and to preferably accept proposals made according to the criteria outlined above ; this will allow them to develop their skills under makeup artists capable of offering more. They can also seek out a chief makeup artist to assist them if they are offered a shoot. 

And, of course, alike for myself, I invite my makeup artist colleagues nearing the end of their careers (who have a wealth of experience to offer) or those in the middle of their careers between two regular contracts to kindly consider such useful proposals. Please give it serious thought. 

Of course, this idea can only work if everyone is loyal to each other. The aspiring director-producer must accept that a film cannot be made with nothing and learn to budget a sufficient minimum amount before starting to shoot. I know it's difficult, but one doesn't dine at a restaurant without having the means to pay the bill unless invited by someone who can, and it's only through this loyalty that directors will find makeup artists (and all other positions) willing to help them and make an effort on their compensation to ensure their films are made under excellent conditions that are profitable for everyone. 

In any case, until normal working conditions return to films, that's my wish: for you, budding director-producers, and for you, my dear makeup artist colleagues. 

The next chapter will discuss How to design accurate characters and expand on Chapter 6 on makeup preparation.


Salaires professionnels minima garantis 
par la Convention Collective Nationale

Minimum Professional Salaries Guaranteed 
by the National Collective Agreement

Voici la grille de tous les salaires professionnels garantis par la Convention Collective. 

Il n'y a pas de grille particulière pour les maquilleurs, mais ils sont listés dans cette grille. Cherchez-les, vous les trouverez facilement. 

Vous trouverez aussi les conditions particulières  telles que les horaires et majorations des heures supplémentaires. Ce serait une très grosse perte si vous ne les réclamiez pas, le cas échéant.
Ces salaires sont, en principe, réévalués deux fois par an, en Janvier et Juillet, mais ce n'est pas toujours chose simple dans les re-négotiations ni rapide dans la publication. Neanmoins, en cliquant sur ce lien, vous devriez arriver sur le dernier tarif en date.

http://www.sntpct.fr/pdf/SNTPCT_salaires_mini_Prod_cine_au_1er_MARS_2024.pdf

Dans l'intérêt de la survie de notre métier, il est recommandé de respecter ces indications. 


Here is the schedule of all professional salaries guaranteed by the Collective Agreement. 
There is no specific schedule for makeup artists, but they are listed within this schedule. Look for them, you will find them easily. 
You will also find particular conditions such as working hours and overtime rates. It would be a significant loss if you did not claim them when applicable.
These salaries are, in principle, reviewed twice a year, in January and July, but the renegotiations are not always straightforward, nor is the publication quick. Nevertheless, by clicking on this link, you should access the latest rates.

http://www.sntpct.fr/pdf/SNTPCT_salaires_mini_Prod_cine_au_1er_MARS_2024.pdf

For the sake of the survival of our profession, it is recommended to adhere to these guidelines.