Chapitre 4

COMMENT DEVENIR MAQUILLEUR (1)

Le statut professionnel socio-administratif  

HOW TO BECOME A MAKE-UP ARTIST (1)

Professional Socio-Administrative Status

Vous avez envie de devenir maquilleur, mais vous ne savez pas comment faire. En France, si vous êtes adolescent, vous vous renseignerez sans doute auprès du Conseiller d’Education de votre collège ou lycée qui vous dira qu’il ne connaît rien d’officiel sur ce métier, mais qu’il y a des écoles privées très chères pour un avenir très incertain. Et pour cause : le métier n’existe pas encore juridiquement, donc officiellement, même s’il existe de fait depuis longtemps au théâtre et au cinéma depuis Méliès. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe encore aucun critère administratif ni cursus national commun à toutes les écoles et conduisant à un diplôme national reconnu par l’Etat.

 

Ce métier, reconnu dans le monde entier, n’a pas encore de statut juridique en country. Il n’est pas admis, ni admissible, aux Registres des Métiers des artisans, ni au Registre du Commerce des sociétés, ni au Registre des Micro-Entrepreneurs. Il n’est pas davantage admissible comme profession libérale, puisque celles-ci n’ont le droit de fournir que des conseils et non des services, exceptées les professions médicales. 

 

Autre possibilité, vous êtes un peu plus âgé, vous avez déjà un métier, mais vous souhaitez en changer. Le France-Travail du Spectacle ne vous acceptera pas parce que bien évidemment vous n’avez pas encore les justificatifs nécessaires pour cela. Et le Pôle emploi classique, hors spectacle, ne connait pas un métier salarié qui n’a pas d’existence légale hors spectacle. Incidemment, il n’est pas non plus concerné par les Micro-Entrepreneurs qui sont des patrons et donc ne cotisent pas encore pour l’assurance chômage. 


Alors, comment entrer dans une profession qui n’existe pas ? Je vais vous donner quelques pistes, sans rien pouvoir vous garantir, et vous exposer les particularités de l’accès à ce métier. 

A l’heure actuelle le maquilleur est uniquement reconnu comme un Intermittent du Spectacle, Annexe VIII de la nouvelle Convention Collective Nationale, donc comme un technicien salarié dépendant de son employeur dans le spectacle, devant être employé par contrat à durée limitée (CDD). 

 

Cette Convention Collective est étendue à l’ensemble du territoire de la République Française, ce qui signifie qu’elle est devenue nationale et s’impose à tous, employeurs ou employés, producteurs, ouvriers ou techniciens, travaillant dans le domaine du cinéma-spectacle. Ses règlements et les tarifs minima annexés ont donc force de loi pour tous dans l’ensemble du pays, y compris les DOM-TOM. 


TRES IMPORTANT : Dans cette première partie, nous verrons les points les moins agréables de la situation, mais il faut les connaitre car le monde adulte n'est pas toujours un conte de fées comme le souhaiteraient les adolescents, et dans la suivante nous verrons les démarches positives à accomplir pour chaque aspirant élève ou chaque jeune professionnel à sa sortie d'école. Donc, n'oubliez pas de lire le chapitre suivant pour trouver du travail

 

Les autodidactes pourront aussi suivre le parcours d’un élève sorti de l’école dans le chapitre suivant pour trouver des employeurs.  


You want to become a makeup artist, but you don't know how to go about it. In France, if you are a teenager, you might seek advice from your school's Education Advisor, who will likely tell you that they don't have any official information on this profession, but that there are very expensive private schools with a very uncertain future. And with good reason: the profession doesn't yet exist legally, even though it has existed in practice for a long time in theatre and cinema since Méliès. Why? Because there are still no administrative criteria or national curriculum common to all schools leading to a state-recognised national diploma.

This profession, recognised worldwide, does not yet have legal status in our country. It is not admitted to the Trades Register for artisans, the Commercial Register for companies, or the Micro-Entrepreneurs Register. It is also not admissible as a liberal profession, as these are only allowed to provide advice and not services, with the exception of medical professions.

Alternatively, if you are a bit older and already have a profession but wish to change careers, the France-Travail for the entertainment industry will not accept you because you obviously do not yet have the necessary credentials. And the standard France-Travail, outside of the entertainment sector, does not recognise a salaried profession that does not have legal existence outside of the entertainment sector. Incidentally, it also does not apply to Micro-Entrepreneurs, who are business boss and owners and therefore do not yet contribute to unemployment insurance.

So, how do you enter a profession that doesn't exist? I will give you some pointers, without being able to guarantee anything, and outline the particularities of accessing this profession.

Currently, the makeup artist is only recognised as an "Intermittent du Spectacle" under Annex VIII of the new National Collective Agreement, meaning a salaried technician dependent on their employer in the entertainment industry, who must be employed on a Fixed-Term Contract (french CDD = english FTC ).

This National Collective Agreement applies across the entire territory of the French Republic, meaning it has become national and is binding on all employers and employees, producers, workers, and technicians working in the cinema and entertainment sector. Its regulations and minimum rates annexed have the force of law for everyone throughout the country, including the overseas departments and territories.

VERY IMPORTANT : In this first part, we will look at the less pleasant aspects of the situation, but it is important to be aware of them because the adult world is not always a fairy tale as teenagers might hope. In the following section, we will see the positive steps that each aspiring student or young professional can take upon graduating from school. So, don't forget to read the next chapter to find out how to get a job.

Self-taught individuals can also follow the path of a school graduate in the next chapter to find employers.



Qualification professionnelle et compétences légales

Professional Qualification and Legal Competencies

Un maquilleur n’est ni un coiffeur ni une esthéticienne, comme nous l’avons déjà dit dans un précédent chapitre. Il ne travaille pas seulement pour embellir sa cliente en tant qu’elle-même dans la vie courante, encore moins pour lui vendre des produits cosmétiques pour gonfler son tiroir-caisse, mais en fiction pour créer le « masque » d'un personnage sur l’artiste interprète. Cela vaut non seulement pour le travail à fournir proprement dit, mais aussi pour la formation et le statut juridique et professionnel. 

 

Le maquilleur est étymologiquement celui qui fait le masque à l'artiste interprète pour représenter son personnage, comme jadis les masques de pierre, de bois ou de cuir, représentaient les personnages du théâtre antique jusqu'à la Commœdia dell'Arte (Cf. Chap. 1). C'est donc bien, à l'origine, un terme spécifique du spectacle. Le sens du mot a été élargi au-delà de son sens premier et maintenant on l'emploie aussi dans la mode, en photo, et dans la vie courante, là où, au contraire, on ne devrait pas faire de masque à la clientèle, mais en mettre la beauté en valeur par un maquillage discret. Or, il n'y a rien de moins discret qu'un maquillage mode, un maquillage dit artistique ou une mariée libanaise

 

En France, comme dans bien d’autres pays, la formation en esthétique ou en coiffure est commune à toutes les écoles de chacun de ces deux métiers et débouche sur deux diplômes d’état, le Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) et le Brevet Professionnel (BP) et sur les statuts d'employé salarié ou d'artisan. Ces diplômes nationaux attestent d'une formation et représentent une sécurité vis à vis des employeurs et de la clientèle privée. Il n'existe actuellement aucun diplôme d'état pour le métier de maquilleur de cinéma, faute de cursus commun à toutes les écoles, comme pour les métiers précités ou la médecine. Le maquillage touche physiquement à la peau de la personne maquillée. La carte professionnelle délivrée jadis par le CNC jouait le rôle de ce diplôme et garantissait une formation minimum autorisant à exercer le métier. Malheureusement, elle a été abolie comme nous le verrons ci-dessous. 

 

De même qu’un coiffeur, une esthéticienne peut être engagée comme salariée dans un salon ou un institut de beauté ou travailler indépendamment comme artisan.  Leurs diplômes respectifs ouvrent une reconnaissance légale des compétences professionnelles minima et donnent le droit juridique d’exercer les métiers considérés. Cette reconnaissance protège leur responsabilité civile et les autorise à prendre une assurance professionnelle les couvrant s’ils créent un problème dermatologique à leur client. Sans ces diplômes, un maquilleur n'ayant pas de diplôme de coiffure mais l’exerçant quand même court de graves dangers pour lui-même et en fait courir à ses clients ou modèles : il n’est tout simplement pas assurable puisque pas reconnu juridiquement apte à exercer le métier de coiffeur.


Dans le cadre réglementairement légal d’une activité salariée sur une production de spectacles, si le contrat liant l'employeur au maquilleur le couvre normalement en cas de problème de maquillage, il ne l'autorise pas juridiquement pour autant à exercer un métier pour lequel il n’a pas la formation garantie par un vrai diplôme, donc le métier de coiffeur qui nécessite un diplôme officiel reconnu par l'état. En conséquence, tout maquilleur qui exercerait la coiffure sans un de ces diplômes d’État, donc illégalement, pourrait ne pas être couvert par les assurances en cas de problème, et l'employeur serait civilement responsable. 

 

En cas de non respect de la législation, c'est l'employeur qui assume la responsabilité civile et pénale. Sans contrat d'embauche écrit, comme c’est trop souvent le cas de nos jours, c’est le maquilleur qui est responsable civilement et pénalement, et en cas d'accident grave cela peut lui coûter très cher. Sur le plan pénal, on ne doit pas porter atteinte à la santé de la personne sur qui on travaille. Il est aisé de vérifier ces informations auprès d'un assureur ou de la Fédération Nationale de la Coiffure, sise rue Lucien Sampaix à Paris 10e, près de la République. 

 

En attendant un éventuel (quoique très peu probable) changement de la législation française actuelle, il va de soi qu'il vaut mieux ne pas accepter les propositions de certaines productions qui voudraient que l'on fasse les deux, s'inspirant de l'Allemagne ou de l'Europe de l'Est où les réglementations professionnelles à ce sujet sont différentes. 


Mais les productions sérieuses savent bien depuis longtemps qu’il faut engager un maquilleur et un coiffeur. Si donc on vous fait une proposition aussi peu sérieuse, vous saurez quoi en penser.



A makeup artist is neither a hairdresser nor a beautician, as we discussed in a previous chapter. A makeup artist's job is not just to enhance a client’s appearance for everyday life or to sell cosmetic products for profit. Instead, in fiction, their role is to create the "mask" of a character on the performing artist. This distinction applies not only to the work itself but also to the training and legal and professional status.

Etymologically, a makeup artist is someone who crafts the mask for the performing artist to represent their character, akin to the stone, wood, or leather masks used in ancient theatre and the Commedia dell'Arte (see Chapter 1). Thus, originally, the term "makeup artist" was specific to the performing arts. Over time, the meaning has expanded beyond its initial sense and is now used in fashion, photography, and everyday life. However, in these contexts, the aim should not be to create a mask but to enhance beauty with subtle makeup. Yet, there is nothing less subtle than fashion makeup, artistic makeup, or a Lebanese bridal makeup.

In France, as in many other countries, the training for beauticians or hairdressers is standardised across schools for each profession, leading to two state diplomas: the Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) and the Brevet Professionnel (BP), which pave the way for employment or artisan status. These national diplomas certify training and provide security for employers and private clients. Currently, there is no state diploma for the profession of cinema makeup artist due to the lack of a standard curriculum across all schools, unlike for the aforementioned professions or medicine. The profession involves direct contact with the client's skin. The professional card previously issued by the CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée) served as a substitute for this diploma, ensuring a minimum level of training required to practice the profession. Unfortunately, this card has been abolished, as we will discuss below.

Just as a hairdresser or beautician can be employed in a salon or beauty institute or work independently as an artisan. Their respective diplomas provide legal recognition of minimum professional competencies and grant the legal right to practice their trades. This recognition protects their civil liability and allows them to obtain professional insurance covering them if they cause a dermatological issue for their client. Without these diplomas, a makeup artist without a hairdressing diploma who practices hairdressing still risks significant dangers for themselves and their clients or models : they are simply not insurable because they are not legally recognised as competent to practice hairdressing.

In the legally regulated context of employment in a production, if the contract between the employer and the makeup artist normally covers the artist in case of a makeup issue, it does not legally permit the makeup artist to practice a trade for which they are not formally trained and certified, such as hairdressing, which requires an officially recognised state diploma. Consequently, any makeup artist practising hairdressing without one of these state diplomas, thus illegally, may not be covered by insurance in case of a problem, and the employer would be civilly responsible.

Failure to comply with legislation places the civil and criminal responsibility on the employer. Without a written employment contract, which is unfortunately too common these days, the makeup artist bears civil and criminal responsibility, and in the event of a serious accident, this can be extremely costly. Legally, one must not harm the health of the person they are working on. These facts can be easily verified with an insurer or the Fédération Nationale de la Coiffure, located on rue Lucien Sampaix in Paris 10th, near République.

Until any potential (though highly unlikely) change in current French legislation, it is advisable not to accept proposals from certain productions that expect you to perform both roles, taking inspiration from Germany or Eastern Europe where professional regulations differ.

However, serious productions have long understood the necessity of hiring both a makeup artist and a hairdresser. If you receive such an unserious proposal, you will know what to think of it.

Définition du mode de rémunération 

Definition of the method of remuneration

En France, le statut juridique professionnel détermine le mode de rémunération et le prix réel du travail : 

Salarié 

Vous dépendez des ordres donnés par votre employeur qui détermine l’horaire, le lieu de votre travail et ce que vous devez réaliser. Pour un salaire brut de 100 € vous percevrez entre 75 et 80 €, mais vous coûterez en fait à l'employeur environ 150 € puisqu'il devra payer en sus de votre salaire et des cotisations sociales, improprement appelées « charges sociales", plus le temps payé à son comptable. Cela lui donnera, non sans raison, la désagréable impression que vous lui coûtez le double de ce que vous touchez.

Artisan, commerçant ou libéral 

Si cela était légal, vous lui feriez une facture ou une note d'honoraires et ça ne lui coûterait rien de plus que les 100 € en question et les cotisations sociales seraient alors, inversement, portées à votre charge, diminuant d’autant votre revenu pour une prestation. C'est pour cela qu'il y a de plus en plus de propositions cherchant à contourner la législation pour abaisser le prix réel du travail en demandant une facture pour le prix du salaire. 


Précisons cela clairement

La seule définition française officielle, en attendant une prochaine évolution de cette aberrante situation, est fiscale : « le maquilleur est un technicien du spectacle, salarié, à employeurs multiples », en clair un intermittent du spectacle.

Dans le cinéma-spectacle (vivant et audiovisuel), il n'est donc pas juridiquement un travailleur indépendant ni un auto-entrepreneur (prétendu à tort équivalent du free-lance anglo-américain qui est pourtant très différent puisqu’il peut déduire ses frais, ce que ne peut pas faire l’auto-entrepreneur français) et il n’est donc pas autorisé à faire des factures commerciales (artisan ou société), ni des notes d’honoraires (professions libérales). Ceux qui s’y risqueraient tomberaient sous le coup de la loi et devront tôt ou tard subir de lourds redressements d’URSSAF et fiscaux. 


Un espoir, cependant 

Il serait maintenant possible de s'inscrire en Micro-entreprise au titre de "Activité de soutien au spectacle vivant" sous le numéro de Code 9002z
 

Sachez qu’en cas de note d’honoraires, le fisc prend 50% du chiffre d’affaire, et c’est à vous de payer sur ce qui restera vos cotisations sociales (retraite, assurance maladie et accidents du travail, congés payés, etc…) Et, en période d'inactivité professionnelle - chômage - cela ne vous donne aucun droit à percevoir une indemnisation Assedic qui est l'assurance chômage des seuls salariés) ; sans compter un long et lourd travail de comptabilité tatillonne, celui-là même que les employeurs voudraient s'éviter. Toutes ces charges déduites, combien vous restera-t-il sur la somme modique qu’on vous proposerait dans de telles conditions ? entre 23 et 25% seulement. Vous voyez donc ce qu’il faut demander pour gagner les 100 € dont on voudrait récompenser votre prestation ? 4 fois plus. Jamais on ne vous accordera 400 quand on vous propose 100 au départ. 



In France, the professional legal status determines the mode of remuneration and the real cost of work :

Employee :

You depend on the orders given by your employer who determines the schedule, the place of your work and what you must achieve. For a gross salary of €100, you will receive between €75 and €80, but you will actually cost the employer about €150. This is because, in addition to your salary and social contributions (often incorrectly referred to as “social charges” or taxes), the employer also has to pay their accountant for the time taken to manage payroll. This will, not without reason, give him the unpleasant impression that you cost him double what you earn.

Artisan, Tradesperson, or Freelancer :

If it were legal, you would issue an invoice or fee note, and it would cost the employer nothing more than the €100 in question. The social contributions would then be your responsibility, reducing your income for the service provided. This is why there are increasing proposals seeking to bypass the legislation to lower the actual cost of work by requesting an invoice for the salary amount.

Let’s clarify this clearly:

The only official French definition, pending a change to this absurd situation, is fiscal: "The makeup artist is a spectacle technician, salaried, with multiple employers," essentially an intermittent worker in the performing arts.

In the cinema and live performance (audiovisual) industry, a makeup artist is not legally an independent worker or a micro-entrepreneur. This latter is often wrongly considered the equivalent of an Anglo-American freelancer, but they are quite different since a freelancer can deduct expenses, which a French micro-entrepreneur may not do. Therefore, a makeup artist is not authorised to issue commercial invoices (as an artisan or company) or fee notes (as in liberal professions). Those who risk doing so would be breaking the law and would sooner or later face significant adjustments from URSSAF and tax authorities.

A Glimmer of Hope 

It might now be possible to register as a micro-entrepreneur under the title "Supporting Activities for the Performing Arts" with the Code 9002z

Note that in the case of a fee bill, the tax authorities take 50% of the revenue, and you must pay your social contributions (retirement, health insurance, work accident insurance, paid leave, etc.) out of what remains. Moreover, during periods of professional inactivity (unemployment), this does not entitle you to any Assedic (unemployment insurance) compensation, which is only for salaried employees. Additionally, you must manage a long and laborious accounting process, which employers want to avoid. After all these deductions, how much would remain from the modest sum offered under such conditions? Only between 23% and 25%. Therefore, you see what you need to ask for to earn the €100 initially proposed for your service? Four times more. No one will ever offer you €400 when €100 is proposed at the outset.

Comment donc estimer et faire payer son travail ? 

How to Estimate and Get Paid for Your Work?

Comme nous l'avons déjà vu, le métier de maquilleur n'est actuellement reconnu que comme "travailleur salarié à employeurs multiples" c'est а dire un intermittent du spectacle. Ce statut ne s'applique qu'aux travailleurs engagés par contrat, payés et déclarés par une entreprise de spectacles, principalement dans la fiction : production cinématographique et/ou télévisuelle, production de spectacle théâtral, musical, de cirque, de ballet, de cabaret, ou de rue. 

As we have already seen, the profession of makeup artist is currently only recognised as a "salaried worker with multiple employers," that is, an intermittent worker in the entertainment industry. This status applies solely to workers hired by contract, paid, and declared by an entertainment company, primarily in fiction: film and/or television production, theatrical, musical, circus, ballet, cabaret, or street performance production.

L'intermittence dans le spectacle

Intermittence in the Entertainment Industry

Qu’est-ce donc que l’intermittence ?

L’intermittence est la particularité du monde du spectacle. Le Code du Travail prévoit de manière générale que les employés soient engagés en CDI (Contrat à Durée Indéterminée), dans le privé comme dans la fonction publique. Les CDI ne peuvent généralement pas exister dans le spectacle et plus particulièrement dans la production cinématographique ou le théâtre car il n’y a pas de productions permanentes adéquates : on est alors engagé au coup par coup, par des employeurs différents le plus souvent, pour un jour ou plusieurs semaines pour un film ou une pièce au théâtre. Il est donc d’usage depuis longtemps, si ce n’est toujours, d’être engagé en Contrat à Durée Déterminée d’Usage, en abrégé C.D.D., pour la durée du tournage ou une durée plus courte encore, pour la réalisation d’un film ou d’un spectacle. 

 

Cette spécificité du monde du spectacle a entrainé la création d’un régime spécial d’assurance chômage nommé Intermittence.

 

L’intermittence n’est donc pas un métier, mais un statut professionnel qui regroupe tous les métiers du spectacle des Annexes VIII et X de la Convention Collective, c’est à dire les artistes, les techniciens, les ouvriers, les réalisateurs pour une partie de leur rémunération, mais pas les scénaristes ni les compositeurs qui ont chacun leur régime particulier avec les droits d’auteurs. 

 

Pour éviter toute confusion, il convient de préciser qu’un intermittent n’est ni un intérimaire, ni un saisonnier. Il est d’ailleurs interdit depuis plus de 50 ans de travailler comme intérimaire en tant qu’intermittent car il n’est plus permis à un employeur privé de prélever un pourcentage sur le salaire d'un ouvrier ou d'un technicien. 


Le statut

Obtenir ce statut est le but de tous, mais il y a des critères spécifiques à remplir : déclarer sur une année 507 h. de travail payé officiellement et déclaré à l'URSSAF, donc ayant cotisé à l'Assedic. En dehors de cela, le statut n'est pas accordé. Les heures travaillées sont affectées sur votre compte au régime général, certes, mais c'est moins avantageux. Par ailleurs, si vous travaillez en partie dans le spectacle et pour une autre partie hors spectacle, vos heures hors spectacle ne seront pas reconnues pour l'intermittence. Et si vous faites plus hors spectacle, vous perdez l'intermittence. 

 

Naturellement, inutile de rêver à l'intermittence si, par exemple, vous travaillez au noir ou ne faites que du body-painting sans y avoir été engagé par une production de spectacle. C'est logique et normal : s'il n'y a pas de cotisations versées à l'Assedic, vous n'y avez tout simplement pas de droit à indemnités. 

 

Comme beaucoup de jeunes gens arrivant sur le marché du travail, les jeunes maquilleurs ignorent généralement les règles du travail et confondent les statuts de commerçant, d'artisan et de salarié. Je vais donc les indiquer ici pour l'essentiel, en commençant par rappeler la règle pour les salariés du spectacle. 


What is Intermittence

Intermittence is a specific feature of the entertainment world. The Labour Code generally provides for employees to be hired under permanent contracts (CDI) in both the private and public sectors. However, CDIs are typically not feasible in the entertainment industry, especially in film and theatre production, because there are no permanent productions. Workers are therefore often hired on a case-by-case basis, usually by different employers, for one day to several weeks for a film or play. Consequently, it has long been customary, if not always, to be hired on a Fixed-Term Usage Contract (C.D.D.), for the duration of the shoot or an even shorter period, for the production of a film or show.

This peculiarity of the entertainment world led to the creation of a special unemployment insurance scheme known as Intermittence.

Intermittence is not a profession but a professional status that encompasses all entertainment jobs listed in Annexes VIII and X of the Collective Agreement. This includes artists, technicians, workers, and directors for part of their remuneration, but not screenwriters or composers, who have their own specific regimes with authors' rights.

To avoid confusion, it should be clarified that an intermittent worker is neither a temporary worker nor a seasonal worker. It has been prohibited for over 50 years to work as a temporary worker while being an intermittent worker because a private employer is no longer allowed to take a percentage of a worker's or technician's salary.

The Status

Obtaining this status is the goal for everyone, but specific criteria must be met : declaring 507 hours of officially paid and declared work to URSSAF, thus contributing to Assedic. Without this, the status is not granted. Worked hours are credited to your general regime account, but this is less advantageous. Moreover, if you work partly in entertainment and partly outside it, your hours outside entertainment will not count towards intermittence. If you work more outside entertainment, you lose the intermittence status.

Naturally, there is no point dreaming about intermittence if, for example, you work off the books or only do body painting without being hired by an entertainment production. It's logical and fair : if no contributions are paid to Assedic, you simply have no entitlement to compensation.

Like many young people entering the job market, young makeup artists often do not understand the work rules and confuse the statuses of tradespeople, artisans, and employees. So, I will outline the main points here, starting with the rules for entertainment employees.

La règle pour les embauches

The rule for appointments

En tant que travailleur intermittent (maquilleur, coiffeur, habilleuse, etc…), vous serez donc engagé par une production avec un contrat d'embauche, appelé aussi contrat de travail, précisant obligatoirement noir sur blanc les mentions suivantes : 

  • Nom et coordonnées de la Production, l'employeur ;
  • Nom et coordonnées du technicien, l'employé, vous ;
  • Votre qualification professionnelle exacte pour laquelle vous vous engagez à être en règle avec l'administration et avoir les qualifications requises ; 
  • Le titre du film, ou de la pièce, pour lequel cet engagement est prévu ;
  • La date de début de prise d'effet (préparation, tournage, rangement post tournage) et la durée prévue de l'engagement ;
  • Le salaire, conforme au moins au minimum professionnel en vigueur pour votre fonction (des barèmes sont disponibles à cet effet) ;
  • Les conditions de tournage qui doivent être conformes à la Convention Collective Nationale en vigueur en France et qui servent de référence en cas de litige : paiement des heures supplémentaires avec majorations diverses, prise en charge par l'employeur des frais nécessités par le tournage, c'est à dire fournitures professionnelles, frais de déplacement, d'hôtellerie et de restauration, au minimum. 
  • On peut aussi y trouver une clause de discrétion obligatoire concernant les personnes, et d'embargo temporaire sur les photos. 
  • D'autres clauses particulières peuvent s'y trouver, mais ne peuvent en aucun cas être contraires à la Convention Collective. Toute mention du contrat non conforme sera déclarée nulle et non avenue en cas de contestation aux Prud'hommes. 
  • Le contrat doit aussi mentionner à quelle Convention Collective il se réfère : ce ne peut être n'importe laquelle, mais seulement la Convention Collective Nationale déjà mentionnée, pour les engagements dans la production cinématographique et télévisuelle. 


Ce contrat est la seule garantie du technicien. 

Beaucoup de petites productions, n'ayant pas les reins assez solides, essaient de passer outre et de vous engager en douce sans contrat, donc sans aucune garantie, et prétendent vous embaucher au noir, en tout cas sans contrat (et dans ce cas, comment vous faire payer en cas de défaillance de l'employeur à la malhonnêteté réelle mais pas si évidente que ça ou être pris en charge par la Sécurité Sociale en cas d'accident du travail ?) ou vous faire faire une facture comme un commerçant (ce que vous, technicien, n'êtes pas) si vous vendez des pièces, ou comme free-lance si vous êtes sans employeur actuellement. 

Or, un technicien du maquillage, le maquilleur intermittent sans emploi, n'est pour autant pas un travailleur indépendant ou libéral au sens juridique du terme : il n'est pas autorisé à faire une facture pour faire payer son travail quand il est légalement censé être un métier  salarié.
 

Que paie ce contrat ?

Un contrat de travail n'est pas un devis irrévocable. Certains vous affirmeront abusivement que ce contrat paie votre tarif convenu, un point c'est tout. Or, sachez-le, il n'en est rien.

Le contrat faisant référence à la Convention Collective, toutes les clauses de cette Convention s'appliquent :

  • le paiement des heures supplémentaires de préparation et de tournage et leurs majorations spécifiques,
  • les heures de nuit ou de jours fériés,
  • les récupérations, 
  • les garanties de remboursements divers de vos fournitures et autres frais professionnels, voyage, hôtellerie, restauration, etc… 

     
Voyez les détails dans le texte officiel, ce sera une lecture très instructive et utile pour vous faire payer si vous êtes maquilleur ou coiffeur, ou vous aider à payer équitablement ce que vous devez à ceux que vous engagerez si vous êtes réalisateur ou producteur.

N'ayez pas peur ! 

Tout cela a l'air complexe, et ça l'est. Pourtant, n'ayez pas peur ! la solution existe, il suffit de la connaitre. 




As an intermittent worker (makeup artist, hairdresser, dresser, etc.), you will be hired by a production company with an employment contract, also known as a work contract, which must clearly state the following points :

  • Name and contact details of the Production company, the employer ;
  • Name and contact details of the technician, the employee, you ;
  • Your exact professional qualification, for which you must comply with administrative regulations and have the required qualifications ;  
  • The title of the film or play for which this engagement is intended ;
  • The start date (preparation, shooting, post-shooting) and the planned duration of the engagement ;
  • The salary, which must be at least the professional minimum in effect for your role (rate schedules are available for this purpose);
  • The working conditions must comply with the current National Collective Agreement in France, serving as a reference in case of disputes : payment of overtime with various premiums, employer coverage of costs incurred by the shoot, such as professional supplies, travel, accommodation, and meals, at a minimum.
  • The contract may also include a mandatory confidentiality clause regarding individuals and a temporary embargo on photos. 
  • Other specific clauses may be included but cannot contradict the Collective Agreement. Any non-compliant contract clause will be deemed null and void in case of a labour court dispute. 
  • The contract must also specify which Collective Agreement it refers to : it can only be the already mentioned National Collective Agreement for film and television production engagements.


This contract is the only guarantee for the technician.

Many small productions, lacking sufficient financial backing, try to bypass this and engage you informally without a contract, offering no guarantees, and attempt to hire you under the table, without a contract (and in such a case, how will you get paid if the employer fails, or if you have a work accident, how will you be covered by Social Security?). They may also try to get you to issue an invoice as a tradesperson (which you, as a technician, are not) or as a freelancer if you are currently unemployed.

However, a makeup technician, an unemployed intermittent makeup artist, is not considered a self-employed or independent contractor in the legal sense : they are not authorised to issue an invoice for their work when it is legally supposed to be a salaried profession.


What does this contract pay?

An employment contract is not an irrevocable quote. Some may wrongly assert that this contract only pays your agreed rate, and nothing more. However, know that this is not the case.

The contract referring to the Collective Agreement means all the clauses of this Agreement apply

  • Payment of preparation and shooting overtime and their specific premiums;
  • Night or holiday hours;
  • Compensatory rest periods;
  • Reimbursement guarantees for various supplies and other professional expenses, travel, accommodation, meals, etc.


Refer to the official text for details. It will be very instructive and useful reading for you to ensure you get paid if you are a makeup artist or hairdresser or help you pay fairly what you owe to those you hire if you are a director or producer.

Don't Be Afraid

All this seems complex, and it is. However, don't be afraid ! The solution exists ; you just need to know it. 

La solution

The Solution

 Pour éviter des angoisses à tout le monde, employeur comme employé, il existe depuis quelques années un logiciel, STARBIZ, dont l'adoption est en train de se généraliser dans les bonnes productions. Les paramètres de la Convention Collective y sont déjà pré-enregistrés, et il suffit de créer une ligne avec votre nom, vos coordonnées recueillies sur votre contrat et votre feuille d'embauche pour savoir ce qui vous est dû et le montant du virement qui devra être fait. On entre votre heure d'arrivée et votre heure de départ, avec votre heure de pause réglementaire, et les calculs se font automatiquement. Vous recevez, en général en fin de mois, votre feuille de salaire, votre chèque congés spectacle et votre feuillet Assedic.

Non seulement, ça ne prend plus un temps infini comme autrefois, mais ça évite les erreurs ou omissions et l'employé perçoit son dû intégralement. La paye se fait enfin sereinement. Les employeurs du spectacle n'ont plus d'excuse pour ne pas vouloir vous faire de salaire.

Etudiez bien ce logiciel, suivez les démarches indiquées selon que vous êtes employeur ou employé et vous aurez vite un gros souci en moins.
 

Combien demander ? 

Pour vos premiers contrats professionnels sérieux, comme assistant ou renfort, vous serez engagé par un chef-maquilleur qui négociera votre salaire et défendra vos intérêts vis à vis de la production. Vous avez donc intérêt à être bien avec lui (ou elle).
 
Quand vous en serez au stade de travailler seul, vous aurez déjà acquis de l'expérience et saurez sans doute comment négocier un contrat et sur quelles bases.
 
Néanmoins, en attendant cet heureux jour, les tarifs conventionnels sont disponibles en ligne et révisés, en principe — mais il y a parfois des décalages à la publication…— en Janvier et Juillet de chaque année. Y sont mentionnés les tarifs pour le cinéma et la publicité des : chef-maquilleur, maquilleur (assistant), chef-coiffeur, coiffeur (assistant-coiffeur), à la semaine (35 et 39h) et à la journée, ainsi que les conditions de rémunération des heures supplémentaires. Ce sont les tarifs minimums pour débuter dans chaque fonction citée, vous pouvez donc — et même, vous devez — demander plus quand vous avez déjà fait quelques films. Cela vous donnera une idée de quoi demander quand on vous propose un projet, et même si on vous propose de travailler bénévolement, faites connaitre le prix du travail des maquilleurs. Certains demandeurs de bénévolat vont crier, mais il faudra bien que les choses se calment et que leurs tarifs remontent à un niveau plus raisonnable pour tous. 
 
Nous verrons au chapitre suivant quelque chose à ce sujet.


 

To avoid anxiety for everyone, both employer and employee, a software called STARBIZ has been available for several years and is becoming widely adopted in good productions. The parameters of the Collective Agreement are pre-recorded in it, and you just need to create a line with your name, contact details from your contract, and your employment sheet to know what is due to you and the amount of the transfer to be made. Enter your arrival and departure times, with your mandatory break time, and the calculations are done automatically. You will generally receive your payslip, Congés Spectacles cheque, and Assedic slip at the end of the month.

Not only does it no longer take an infinite amount of time like it used to, but it also avoids errors or omissions, and the employee receives their full due. Payment is finally made calmly. Entertainment employers have no excuse not to pay you properly.

Study this software well, follow the steps indicated whether you are an employer or employee, and you will soon have one less major worry.

How Much to Ask For?

For your first serious professional contracts, as an assistant or reinforcement, you will be hired by a chief makeup artist who will negotiate your salary and defend your interests with the production. Therefore, you have every interest in getting along well with them.

When you reach the stage of working alone, you will already have gained experience and probably know how to negotiate a contract and on what basis.

However, until that happy day, the standard rates are available online and are revised in principle — though there can sometimes be delays in publication — in January and July each year. They mention the rates for cinema and advertising for the chief makeup artist, makeup artist (assistant), chief hairdresser, hairdresser (assistant hairdresser), on a weekly (35 and 39 hours) and daily basis, as well as the conditions for paying overtime. These are the minimum rates to start in each mentioned role, so you can — and should — ask for more when you have already worked on a few films. This will give you an idea of what to ask for when you are offered a project. Even if you are asked to work for free, make known the cost of makeup artists' work. Some volunteer seekers will protest, but things will have to calm down, and their rates will have to rise to a more reasonable level for everyone.

We will cover more on this topic in the next chapter.

Quid du statut dit "free-lance" ?  

What about the freelancer status ?

Qu’est-ce au juste qu’un Free-lance ?

A l’origine, un free-lance était un soldat mercenaire qui se faisait payer où il voulait aller, dans son pays ou un autre, par qui l’employait alors que les serfs (= esclaves, en fait) assujettis à des seigneurs et à leur territoire n’avaient pas le droit de circuler librement. D’où le mot free qui veut dire libre (et pas seulement gratuit). Aujourd’hui, ce sens n’a plus lieu d’être, mais le mot est resté dans les pays anglo-américains pour désigner des personnes n’appartenant à aucune autre entreprise qu’eux-mêmes et donc libres d’accepter un travail temporaire n’importe où. 

 

Aux USA et au Royaume Uni, ce sont en fait des artisans indépendants sans entreprise-mère, et donc non salariés par un employeur mais payés par leur client. Ils facturent donc leur travail comme le feraient nos artisans français. Mais, contrairement à la France, ils peuvent déduire leurs frais professionnels de leur chiffre d’affaire et ne payer des impôts que sur ce qui reste, le bénéfice. 

En France, le gouvernement confond le bénéfice et le chiffre d’affaire et n’autorise pas la déduction des frais des auto-entrepreneurs. Ce n’est pas du tout la même chose et ça fait une énorme différence. Chacun comprend, sauf le gouvernement, qu’un maquilleur à besoin de plus de fournitures fraiches qu’un conférencier. 


Et le statut Free-lance en France, alors ?

— Dans l'état actuel de la législation, ce statut n'existe pas dans le Droit français pour les techniciens de spectacle régis par une Convention Collective Nationale. 

 

Eh oui ! Même si certains employeurs peu désireux de payer les cotisations salariales le voudraient, pour leur part, patronale, et pour celle de leurs employés, salariale, comme cela se pratique dans certains pays voisins, on n'a ni le droit de vous le demander, ni de faire une facture « comme un free lance » en France. Il n'est donc pas question d'accepter d'en faire régulièrement (une  microscopique enveloppe de BNC de l'ordre de 1 200 € par an environ est toutefois permise, mais ça ne permet pas d'en vivre correctement avec sa famille en renonçant aux avantages sociaux des salariés).

C'est certainement un peu contraignant, pourtant les employeurs doivent bien réviser leur conception de leurs droits et des vôtres et vous salarier normalement. Au moins jusqu'à ce que la loi évolue.

Bien que hors cinéma-spectacle (mais est-ce vraiment hors spectacle ?), on veuille contraindre le maquilleur à faire des factures de travailleur indépendant (prétendu équivalent du freelance anglo-américain), à l’évidence, vous avez tout intérêt à ne pas accepter de telles propositions, même si elles sont de plus en plus fréquentes, en photo et mode notamment, et à demander fermement à être payé en salaires, légalement. Pour vous donner davantage de précisions sur les avantages et inconvénients de ce statut, je vous propose ce lien, mais il y en a beaucoup d'autres sur Internet. 

 

Il est donc grand temps qu'enfin un statut juridique national reconnaisse la profession de maquilleur et ses particularités en tant que telle dans ses divers secteurs d'activité, car aujourd'hui, la Loi ne reconnaît que le statut de salarié intermittent dans le spectacle et il n'est pas permis de cumuler les statuts de salarié et d'indépendant sans perdre ses droits sociaux. Mais ce n'est pas ici la place de trop développer ce problème puisque, précisément, cette série d'articles ne concerne (en principe, du moins) QUE le maquillage au cinéma. Pour ceux que cela intéresse, je les invite à consulter des spécialistes du droit du travail à l'Urssaf et au fisc. 

 

J'ignore malheureusement la situation dans les autres pays francophones où il y a du cinéma. Aussi, si des collègues et amis maquilleurs du Canada, notamment au Québec francophone, de Belgique, de Suisse ou des pays africains pouvaient m'envoyer un topo clair et précis de la situation dans leur pays à cet égard, je pourrais en faire des synthèses et les rajouter ici. Je crois que cela pourrait être intéressant et instructif pour tout le monde. 



What Exactly is a Freelancer?

Originally, a freelancer was a mercenary soldier who got paid to go wherever he wanted, in his country or another, by whoever employed him, while serfs (effectively slaves) bound to lords and their territories did not have the right to move freely. Hence the word "free" meaning free of mouing (not just gratis). Today, this meaning is obsolete, but the term remains in Anglo-American countries to describe people who belong to no other company but themselves and are therefore free to take on temporary work anywhere.

In the USA and the UK, they are essentially independent craftsmen without a parent company, and thus not salaried by an employer but paid by their client. They invoice their work like French craftsmen would. But, unlike in France, they can deduct their professional expenses from their turnover and only pay taxes on the remaining profit.

In France, the government confuses profit with turnover and does not allow self-employed entrepreneurs to deduct expenses. It's not the same thing at all and makes a huge difference. Everyone understands, except the government, that a makeup artist needs more fresh supplies than a lecturer.

So, what about Freelance status in France ?

— Under the current legislation, this status does not exist in French law for entertainment technicians governed by a National Collective Agreement.

Yes! Even though some employers, unwilling to pay social security contributions (both employer's and employee's shares), might want it, you neither have the right to request this nor to invoice "like a freelancer" in France. It's not an option to regularly accept doing so (a tiny BNC envelope of about €1,200 per year is allowed, but that's not enough to live on properly with a family while giving up the social advantages of salaried workers).

It is somewhat restrictive, yet employers must revise their concept of their rights and yours and hire you as a normal employee. At least until the law evolves.

Even though outside cinema-theatre (but is it really outside entertainment?), some might want to force makeup artists to invoice as independent workers (supposed equivalent of the Anglo-American freelancer), you have every interest in refusing such offers, even if they are increasingly common, especially in photography and fashion, and firmly demand to be paid in salaries, legally. For more details on the advantages and disadvantages of this status, I suggest this link, but there are many others on the Internet.

It is high time that a national legal status recognizes the profession of makeup artists and its particularities in its various sectors of activity because today, the law only recognizes the status of intermittent salaried workers in entertainment and it is not allowed to combine salaried and independent statuses without losing social rights. But this is not the place to delve too deeply into this issue since this series of articles focuses (in principle, at least) ONLY on makeup in cinema. For those interested, I invite you to consult labor law specialists at Urssaf and the tax office.

Unfortunately, I do not know the situation in other French-speaking countries where there is cinema. Therefore, if colleagues and friends who are makeup artists from Canada, especially french-speaking Quebec, Belgium, Switzerland, or African countries could send me a clear and precise summary of the situation in their country in this regard, I could make syntheses and add them here. I believe this could be interesting and instructive for everyone.

Quid du statut Micro-entrepreneur ?

What About the Micro-entrepreneur Status?

Le statut Micro-Entrepreneur – qui a remplacé en France depuis le 1er janvier 2018 l'ancien Auto-Entrepreneur – n'est conçu que comme revenu d'appoint par le législateur, et non pour vous permettre d'exercer toute votre vie comme métier principal, car les plafonds de ressources annuels actuellement autorisés sont trop bas, et au delà, vous devez vous déclarer comme artisan ou commerçant. C'est fait idéalement comme complément de ressources pour un actif déjà régulièrement salarié qui veut préparer le lancement d'une nouvelle activité, des jeunes qui se lancent, ou un retraité qui veut faire des conférences qui ne nécessitent aucun frais, ou des activités similaires, car les frais – comme nous l’avons déjà vu dans la section précédente – ne sont pas déductibles avant calcul de l'impôt et des taxes. A quoi bon payer des impôts et taxes sur l'argent que vous avez déjà dépensé, y compris un impôt sur la TVA de ce que vous avez consommé ? C'est absurde, et il faut absolument vous battre pour obtenir un autre statut réel mieux équilibré (dépenses/ressources) pour exercer le métier de maquilleur légalement si vous ne voulez faire que ça. 

 

Le micro-entrepreneur étant comme son nom l'indique un entrepreneur, donc un patron non salarié, ne cotise pas à la caisse des salariés (Assedic) et ne peut prétendre à toucher une indemnisation chômage. 


Le Gouvernement avait annoncé une révision de cette disposition pour la rentrée 2018, mais les troubles sociaux puis le Covid-19 ont fait reporter, voire enterrer, ce projet. Nous verrons à la fin du quinquennat Macron , en 2027, ce qu'il en sera vraiment alors. 

Etre son propre patron ne donne pas le droit de faire n'importe quoi et de facturer indument des prestations que devraient faire d'autres plus qualifiés. C'est une question d'éthique.


En attendant, une petite lueur est annoncée au bout du tunnel. Etudions-la.

 



The Micro-Entrepreneur status – which replaced in France the former Auto-Entrepreneur since January 1st, 2018 – is designed by the legislature only as supplementary income, not to allow you to make a living solely from it, because the current annual income thresholds allowed are too low. Beyond these thresholds, you must declare yourself as an artisan or merchant. Ideally, it serves as a complement to the income of someone who is already regularly employed and wants to prepare for launching a new activity, for young people starting out, or for retirees who want to give fee-free lectures or similar activities. As we have seen in the previous section, expenses are not deductible before calculating taxes and VAT on consumed goods, which is absurd. It is essential to advocate for a more balanced status (expenses/income) to legally practice as a makeup artist if that's your sole profession.

As the name suggests, the micro-entrepreneur is an entrepreneur, hence a self-employed boss who does not contribute to employee funds (unemployment benefits) and cannot claim unemployment benefits.

The Government had announced a revision of this provision for the 2018 fall term, but social unrest followed by Covid-19 have postponed or even buried this project. We will see the real outcome by the end of Macron's presidency in 2027.

Being your own boss does not entitle you to do as you please and improperly charge for services that should be performed by more qualified individuals. It's a matter of ethics.

Meanwhile, there is a glimmer of hope at the end of the tunnel. Let's explore it.

MàJ 2021 : Une lueur au bout du tunnel

Update 2021: A Glimmer
at the End of the Tunnel

Il semble, toutefois, qu'il soit désormais possible de s'inscrire en micro-entreprise comme  : "Activité de soutien au spectacle vivant" sous le numéro de Code 9002z. Mais il vous faudra une grosse clientèle pour en vivre. Cela vous permettra d'aller maquiller des mariées, de faire des body-paintings, des maquillages Halloween ou des maquillages d'enfants pour animer un anniversaire, une fête d'école ou une vente de livres dans un centre commercial, ou d'autres choses qui se rapportent à ces activités, et de les facturer ; très bien ! 

 

Mais en aucun cas vous ne pourrez facturer une prestation maquillage au cinéma car c'est strictement interdit par la Convention Collective Nationale qui précise, répétons-le, que tout technicien de plateau doit être engagé sous contrat par la production et payé en salaire par cette même production, avec fiche de paie, chèque Assedic, Congés-Spectacles, et tout ce qui est réglementaire (mais il existe maintenant des logiciels comme le STARBIZ, évoqué plus haut et de plus en plus répandu dans le spectacle, qui remplissent ces fastidieuses formalités rapidement et automatiquement, rassurez-vous). De même en téléfilms où la Convention Collective nationale s'applique et au théâtre, ou chez tout entrepreneur de spectacle. 

 

Ceci est encore loin d'être une reconnaissance officielle du métier de Maquilleur, mais c'est déjà un début. Pour qu'une reconnaissance officielle, nationale, intervienne, il faudrait que tous les maquilleurs aient une base d'éducation professionnelle commune, or c'est très loin d'être le cas, puisque certaines esthéticiennes se déclarent "maquilleuses" sans savoir faire ce que doit faire au minimum un maquilleur, ce qui constitue une "concurrence déloyale" dont se plaignent beaucoup de ceux/celles qui ont fait des études de maquillage plus poussées que les esthéticiennes niveau CAP. 




It seems, however, that it is now possible to register as a micro-enterprise under the category "Support activities for performing arts" with the code number 9002z. But you will need a substantial client base to make a living from it. This will allow you to do bridal makeup, body paintings, Halloween makeup, or children's makeup for animating a birthday party, a school event, or a book sale in a shopping mall, or other related activities, and invoice them ; All right !

But under no circumstances will you be allowed to invoice for makeup services in the cinema as it is strictly prohibited by the National Collective Agreement, which specifies, let's repeat, that all on-set technicians must be hired under contract by the production and paid a salary by that same production, with a payslip, Assedic cheque, Congés-Spectacles, and all regulatory paperwork (but there are now software programs like STARBIZ, mentioned earlier and increasingly used in the entertainment industry, which handle these tedious formalities quickly and automatically, rest assured). The same applies to TV films where the National Collective Agreement is enforced, as well as in the theatre or with any entertainment entrepreneur.

This is still far from being an official recognition of the profession of Makeup Artist, but it is a start. For an official national recognition to occur, all makeup artists would need a common professional education base, which is far from being the case since some beauticians declare themselves "makeup artists" without knowing the minimum skills required of a makeup artist, creating "unfair competition" that many who have undertaken more advanced makeup studies than beauticians with a CAP level complain about.

Et le portage salarial ? 

And what about freelance contracting ?  

Qu'est ce que le portage salarial ?

Cela consiste à demander à une société intermédiaire de vous embaucher pour travailler sur une autre société en lui facturant votre salaire, charges comprises, plus une commission pour la mercier de mettre ainsi l'employeur en règle sans avoir à s'occuper des formalités conmptables. Est-ce une bonne affaire pour vous ou même pour eux ? Certainement pas pour vous car on cherchera toujours à vous payer au minimum, mais oui pour la production qui économisera sur le temps de son comptable. Enfin, s'il y en a un.

On a beaucoup vanté le portage salarial pour faire du maquillage. A tort. Outre le fait qu’il était illégal depuis des dizaines d’années de prélever une commission sur une prestation de technicien (et d'ouvrier), beaucoup d’employeurs refusaient d’augmenter le montant proposé pour que l’employé n’ait pas à supporter ce prélèvement sur son travail. Ça n’aidait donc pas autant que certains le prétendaient, et le Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné et interdit cette pratique pour les intermittents le 7 Mars 2017 comme on peut le lire dans cet article. N’en parlons donc plus. 

Il ne faut pas accepter ce genre de choses car France-Travail depuis lors n’accepte plus non plus les références et les heures faites sous ce principe : vous ne pourriez pas être admis à faire valoir vos heures pour l'intermittence sur cette base, ni à les renouveler.


What is Freelance Contracting ?

Freelance contracting involves requesting an intermediary company to hire you to work for another company, billing your salary (including charges) plus a commission for facilitating this arrangement, thus keeping the employer compliant without having to deal with accounting formalities. Is this beneficial for you or even for them? Certainly not for you, as there will always be attempts to pay you the minimum, but it might be for the production, which will save on the time of their accountant. Provided they have one.

Freelance contracting for makeup work has been highly praised. Wrongly so. Besides the fact that it was illegal for decades to deduct a commission from a technician's (or worker's) fee, many employers refused to increase the proposed amount so the employee wouldn't have to bear this deduction from their work. Thus, it didn't help as much as some claimed, and the Paris High Court (TGI) banned this practice for intermittents on March 7, 2017, as detailed in this article. Let's not discuss it further.

You should not accept such arrangements because since then, France-Travail no longer accepts references and hours worked under this principle : you wouldn't be able to claim your hours for intermittence on this basis, nor renew them.

Une solution : le G.U.S.O.

A solution : the G.U.S.O.

Pour les petites prestations occasionnelles, le GUSO (Guicher Unique du Spectacle Occasionnel) est la solution idéale et simple pour vous faire payer en salaire dans le spectacle vivant, conservant ainsi tous vos avantages salariaux : sécurité sociale et retraite, et allocation de chômage si besoin est. 

    
Et, malheureusement, dans l’intermittence, le besoin est fréquent, même si le statut d’intermittent n’est pas accordé si vous n’avez pas assez travaillé d’heures cotisées et déclarées à Pôle-Emploi. 

 

Donc, plus vous déclarerez d’heures travaillées dans le spectacle, plus vite vous aurez les 507 heures nécessaires pour ouvrir vos droits à l’intermittence et à ses avantages. 

For small occasional jobs, the GUSO (Guichet Unique du Spectacle Occasionnel) is the ideal and simple solution to get paid as a salaried employee in the performing arts sector, thereby retaining all your employee benefits: social security, pension, and unemployment benefits if needed.

Unfortunately, in the intermittent work sector, the need is frequent, even if the intermittent status is not granted unless you have worked enough declared hours registered with France-Travail.

Thus, the more hours you declare working in the performing arts, the quicker you will reach the 507 hours necessary to qualify for intermittent status and its benefits.

Et pour ceux qui ne sont pas intermittents salariés ?

And for Those Who Are Not Intermittent Employees ? 

Guillaume, de RougeVertBleu, a publié un article très intéressant sur Facebook, amusant tout en étant très sérieux, et je vous invite à le lire ici, ainsi que les autres articles qu’il a écrit sur le sujet. 

 

Naturellement, ces maquilleurs, électrons libres (faute d’un autre terme, mais n’y voyez pas mal, svp, merci), qui ne travaillent pas dans le spectacle, et donc n’y cotisent pas, ne peuvent prétendre aux indemnisations du chômage ASSEDIC qui actuellement sont prévues uniquement pour les salariés, intermittents ou non. 

Guillaume from RougeVertBleu has published a very interesting and amusing yet serious article on Facebook, which I invite you to read here, along with his other articles on the subject.

Naturally, these makeup artists, free agents (for lack of a better term, but please, no negative connotations), who do not work in the performing arts and therefore do not contribute to it, cannot claim ASSEDIC unemployment benefits, which are currently only available to salaried employees, whether intermittent or not.

La Voie Royale et la Carte Professionnelle

The Royal Path and the Professional Card

Qu'était la Voie Royale ?

Avant les années 60 et jusque dans les années 70-80, avant la création et l’essor des écoles de maquillage professionnel actuelles, l’accès au métier était réglementé par les textes du Centre National de la Cinématographie et se faisait par ce que l’on appelait alors la Voie Royale. On devait être : 

  1. Stagiaire (apprenti, selon les termes des anciennes corporations) sur trois films français de long métrage, 
  2. Assistant (compagnon), sur six films français (ou co-productions majoritairement françaises) de long métrage, et de préférence avec un maximum de chefs-maquilleurs différents (on en apprend ainsi davantage qu’avec un seul). 
  3. Après avoir accompli ces périodes, on pouvait déposer un dossier de demande de Carte d’Identité Professionnelle de Chef-Maquilleur (Maître) au CNC, vous autorisant légalement à exercer seul, donc en chef responsable d’un film, le métier de maquilleur de cinéma. Une dérogation était parfois accordée s’il manquait un assistanat et qu’une occasion sérieuse se présentait. 


Modifications législatives

Après avoir été longtemps combattu sous le Président F. Mitterrand et le Ministre de la Culture J. Lang, sous le prétexte d’atteinte au droit au travail, (va-t’on aussi prétendre qu’un diplôme de médecin est une atteinte au droit au travail ? — Non, ça évite juste que des gens non qualifiés se prétendent ce qu'ils ne sont pas.), ce système a finalement été aboli sans débat parlementaire ou paritaire par une ordonnance publiée discrètement au J.O. le 24 Juillet 2009 relative à la partie législative du Code du Cinéma et de l’Image animée : 

 

     Article 10 : 

     Sont et demeurent abrogés :

     8° La décision réglementaire du Centre national de la cinématographie n° 51 du 10 juillet 1964 fixant les conditions de délivrance de la carte d’identité professionnelle.

     
Fait à Paris, le 24 juillet 2009.

     NICOLAS SARKOZY

     Par le Président de la République :

     Le Premier ministre,

     FRANÇOIS FILLON

     Le ministre de la culture et de la communication,

     FRÉDÉRIC MITTERRAND

 

Implications de cette abrogation

On ne peut donc que regretter une telle suppression, car, en l’absence d’un diplôme national, la Carte Professionnelle était la seule garantie pour une production d’un minimum de formation du maquilleur responsable — puisque, rappelons-le, les diplômes des écoles privées (juridiquement de simples certificats de scolarité) ne garantissent pas un cursus national commun réglementé, ils ne sont d’ailleurs pas reconnus par l'État. La C.I.P. était obligatoire pour faire un film de long métrage ou un téléfilm en chef, mais il n’y en avait pas pour être stagiaire ou assistant d’un chef présent sur le tournage. 

De plus, puisque nationale, elle était valable dans tous les domaines (LM, CM, téléfilms et séries, théâtre, etc…), même si la loi ne l’exigeait pas dans tous. Elle n’était jamais requise en mode, événementiel ou artistique puisque cela ne dépendait pas de la juridiction du Centre National de la Cinématographie. 

Le besoin de qualification

Pourtant, il faut évidemment un minimum de qualification garantie pour faire un film comme maquilleur, comme en cuisine, au restaurant ou en comptabilité dans une banque. C'est une sécurité non seulement pour le producteur et le réalisateur, mais aussi pour les acteurs sur la peau desquels le maquilleur travaille, et pour le maquilleur lui-même. On n’a pas le droit de causer du tort à la peau d’un artiste parce qu’on s’est cru capable de faire un travail pour lequel on n’est pas suffisamment formé et qualifié. Et c’est se priver de la possibilité qu'une personne qualifiée engagée sur le film puisse vous faire engager à votre tour et vous forme à ce qui vous manque. Dommage.


Acquérir de l'expérience

Comment faisait-on alors ces fameux 3 stages et 6 assistanats ? Il fallait contacter des chefs-maquilleurs jusqu'à en trouver un qui ait besoin de quelqu’un à ce moment-là, et il vous faisait engager par la production. Comme il n’y a pas d’emploi régulier dans ce métier, cela demandait de gros efforts ; patience et persévérance étaient indispensables, et le découragement à proscrire. 

 

Malgré les nombreuses écoles, c’est encore le cas aujourd’hui. 


Notons que le poste de stagiaire maquilleur n’existant plus, on doit dorénavant entrer directement comme assistant auprès d’un chef de service et être ainsi immédiatement « productif ». Il faudra donc avoir acquis les qualifications pour cela auprès d’une école ou en privé auprès d'un maquilleur déjà qualifié. 



What was the Royal Path ?

Before the 1960s and until the 1970s-80s, prior to the creation and rise of contemporary professional makeup schools, entering the profession was regulated by the National Center for Cinema (CNC) through what was known as the "Royal Path." This pathway required aspiring makeup artists to be:

  1. Interns (Apprentices) on three French feature films.
  2. Assistants (Companions) on six French feature films (or co-productions mostly French), ideally with a variety of chief makeup artists to gain broader experience.
  3. After completing these steps, they could then apply for a Professional Identity Card as a Chief Makeup Artist (Master) at the CNC, legally authorizing them to work on their own and be responsible for a film's makeup.


Legislative changes

This system was long contested under President François Mitterrand and Culture Minister Jack Lang, who argued it infringed on the right to work, (Does anyone claim that a medical degree infringes on the right to work? — No, it simply prevents unqualified individuals from posing as something they are not). Despite these arguments, the system was abolished without parliamentary or bilateral debate through an ordinance discreetely published in the Journal Officiel on July 24, 2009, concerning the legislative part of the Code of Cinema and Animated Image :

 Article 10 : 
  8° The regulatory decision of the National Center for Cinema No. 51 of July 10, 1964, setting the conditions for issuing the professional identity card, is and remains repealed.

Signed in Paris, July 24, 2009,
     NICOLAS SARCOSY
     Through the President of the Republic :
     FRANÇOIS FILLON
     Prime Minister
     FREDERIC MITTERRAND
      Minister of Culture and Communication


Implications of this abolition

The abolition of this system is regrettable as, in the absence of a national diploma, the Professional Card was the only guarantee for a production that a chief makeup artist had a minimum level of training. Private school diplomas (legally mere certificates of attendance) do not guarantee a regulated national curriculum and are not recognized by the state. The Professional Identity Card (PIC) was mandatory for leading makeup on a feature film or television film, but not required for interns or assistants under the supervision of a chief makeup artist on set.

Being nationally recognized, the PIC was valid across all fields (feature films, short films, TV films and series, theatre, etc.), even if the law did not require it in all areas. It was never needed in fashion, events, or artistic makeup as these did not fall under the jurisdiction of the CNC.

The Need for Qualification

There is a clear need for a minimum guaranteed qualification for film makeup artists, similar to requirements in fields like cooking in restaurants or accounting in banks. This ensures safety for producers, directors, actors on skin of whom makeup artists work, and makeup artists themselves. One must not cause harm to an actor’s skin due to unqualified work which is unacceptable and unprofessional. And it's depriving yourself of the possibility that a qualified person engaged in the film can have you engaged in your turn and train you in what you miss. Too bad.

Gaining Experience

How were the required internships and assistantships completed, then ? Aspiring makeup artists had to contact chief makeup artists until finding one in need of assistance. The production would then hire them. Due to the irregular nature of this work, patience and perseverance were essential.

Despite the many schools today, this remains true. 

Notably, since the position of makeup intern no longer exists, one must now directly enter as an assistant to a department head, being immediately "productive." Therefore, the necessary qualifications must be acquired either through a school or privately under a qualified makeup artist.

Les écoles                                         –                                        Schools

Comme nous l’avons vu, il n’existe pas encore en France de cursus national commun obligatoire pour toutes les écoles ; elles sont donc libres d’enseigner ce qu’elles veulent, comme elles veulent et au prix qu’elles veulent. Néanmoins, vous pouvez vous faire une idée de ce que devrait être un tel cursus minimum (chacun gardant le droit d'enseigner plus en modules supplémentaires) en relisant le chapitre précédent : Les différents types de maquillage au cinéma. Pour bien vous préparer au métier de maquilleur de cinéma, et être utile aux chefs maquilleurs qui auront besoin de vous, vous devriez apprendre à faire tous ces maquillages-là, à les faire durer toute la journée et donc à les entretenir. En sortant de l'école, naturellement, vous ne pourrez pas encore tout maitriser car vous n'aurez appris que des bases trop souvent succinctes et ignorerez encore les conditions de la vie de plateau, très différentes du calme douillet d'une salle de classe, mais au moins vous serez capable de suivre et d'aider utilement le chef maquilleur qui vous aura choisi et fait venir sur un tournage. 

 

Le prix d’une école de maquillage professionnel peut paraître cher, mais il ne l’est que si l’on n'accorde pas de valeur au maquillage - ni aux maquilleurs expérimentés qui l’enseignent et qu’il faut bien rémunérer correctement - ou si le programme enseigné ne répond pas suffisamment sérieusement aux exigences professionnelles réelles. Il faut donc relativiser cette notion de cherté. En outre, de larges subventions sont accordées par les organismes de formation professionnelle initiale ou continue. De plus, si chères qu’elles paraissent être, les écoles françaises sont souvent moins chères que les écoles américaines, ou anglaises, mais les programmes n'y sont pas toujours équivalents ni aussi complets, loin de là.

 

Certains élèves se destineront au cinéma-spectacle, d’autres préféreront la mode, la photo ou l’événementiel, aussi les écoles enseignent-elles, en principe du moins, toutes les disciplines du maquillage, et c’est très bien ainsi car un maquilleur de cinéma doit pouvoir tout faire. 

 

Un maquilleur qui n’aurait fait que les cours de beauté, ne saurait prétendre être un vrai maquilleur de cinéma dont le cursus doit être plus complet. De plus, les maquilleurs anglo-américains ne le considéreraient pas comme un vrai maquilleur de cinéma puisqu'il ne pratiquera pas comme eux les disciplines nécessaires dans cette industrie.

 

Mais arrêtons de rêver : on n’apprend pas tout en trois mois, encore moins en deux semaines de cours du soir. S’il faut deux et trois ans aux coiffeurs et esthéticiennes pour obtenir un diplôme national en deux degrés, voire trois ou quatre années avec la Maîtrise, pourquoi les maquilleurs auraient-ils besoin de moins de temps pour un programme sérieux et vraiment complet ? Et croyez-moi, il y a beaucoup à apprendre et beaucoup à faire avant d’arriver à un niveau sérieux raisonnable. On ne devient pas maquilleur de fiction par caprice orgueilleux, mais par le travail et la patience.

 

Naturellement, les maquilleurs qui voudront se spécialiser en beauté, mode, mariage ou maquillage artistique, seront moins exposés à devoir faire des vieillissements, blessures ou postiches qu’un maquilleur de cinéma, et si cela leur arrive en ville – pour une fête, par exemple –ils n’auront pas la même exigence de résultat de qualité pour ce genre de choses que pour l’écran. Mais, c’est là qu’ils auront du mal non à travailler, mais à se faire payer juridiquement si les employeurs refusent de les salarier comme l’impose encore la législation actuelle. Ils ne pourront en effet pas facturer comme artisan puisqu’ils ne le sont pas, ni comme société commerciale, ce ne serait probablement pas rentable, ni comme micro-entrepreneur, sauf à frauder et se faire enregistrer sous une autre appellation professionnelle aux risques juridiques peut-être différents au regard des assurances. 


La solution de facturer en tant que Micro-entrepreneur est une arme à double tranchant, car si on facture plus qu'on gagne de salaires, on perd ses droits au statut d'intermittent.



As we have seen, there is currently no compulsory national curriculum for all schools in France; therefore, they are free to teach what they want, how they want, and at whatever price they choose. Nonetheless, you can get an idea of what such a minimum curriculum should be (with each school retaining the right to teach more in additional modules) by revisiting the previous chapter : The various types of makeup in cinema. To prepare properly for a career as a cinema makeup artist and to be useful to head makeup artists who will need you, you should learn to do all these types of makeup, make them last all day, and thus maintain them. When you leave school, naturally, you will not yet be able to master everything because you will have only learned often too brief basics and still be ignorant of the conditions of set life, which are very different from the cozy calm of a classroom, but at least you will be capable of following and usefully assisting the head makeup artist who has chosen you and brought you onto a shoot.

The cost of a professional makeup school may seem high, but it is only so if one does not value makeup - or experienced makeup artists who teach it and must be adequately compensated - or if the programme taught does not sufficiently meet real professional requirements. Therefore, this notion of expense should be put into perspective. Moreover, substantial subsidies are granted by initial or continuing professional training organisations. Furthermore, as expensive as they may appear, French schools are often less expensive than American or English schools, but their programmes are not always equivalent or as comprehensive, far from it.

Some students will pursue cinema and entertainment, while others will prefer fashion, photography, or events; therefore, schools ideally teach all disciplines of makeup, and that is very good because a cinema makeup artist must be able to do everything.

A makeup artist who has only taken beauty courses cannot claim to be a true cinema makeup artist, whose curriculum must be more comprehensive. Furthermore, Anglo-American makeup artists would not consider them a true cinema makeup artist because they do not practice the necessary disciplines in this industry like they do.

But let's stop dreaming : you don't learn everything in three months, let alone in two weeks of evening classes. If it takes two or three years for hairdressers and beauticians to obtain a national diploma in two degrees, or even three or four years with a Master's, why would makeup artists need less time for a serious and truly comprehensive programme? And believe me, there is much to learn and much to do before reaching a reasonable serious level. One does not become a fiction makeup artist out of prideful caprice, but through work and patience.

Naturally, makeup artists who want to specialise in beauty, fashion, bridal, or artistic makeup will be less exposed to having to do aging effects, injuries, or prosthetics like a cinema makeup artist, and if they encounter these in town - for a party, for example - they will not have the same quality result requirement as for the screen. However, they may struggle not with working but with legally getting paid if employers refuse to pay them as required by current legislation. They cannot invoice as craftsmen because they are not, nor as a commercial company, which would probably not be profitable, nor as a micro-entrepreneur, unless they commit fraud and register under another professional name with possibly different legal risks in terms of insurance. 

The solution of billing as a Micro-entrepreneur is a double-edged sword because if you invoice more than you earn in salaries, you lose your intermittent status rights.



Comment bien choisir son école de maquillage ?

How to choose a makeup school wisely?

Pour bien choisir votre école, vous devrez chercher les programmes des cours de plusieurs écoles, vérifier si leurs orientations conviennent à vos aspirations et si les cours sont donnés par des personnes qualifiées, capables de vous transmettre une réelle expérience acquise pendant des années sur le terrain, et non par des maquilleurs qui n’ont jamais fait un vrai long-métrage ou les élèves de l’année précédente comme ça se voit parfois (hélas pour les nouveaux élèves et pour les maquilleurs qui les reçoivent ensuite sur les plateaux !). Vous devrez y trouver des classes, donc des professeurs spécialisés, pour les trois disciplines principales : le cinéma-spectacle (classe complète, théâtre et TV en font partie, ainsi que les postiches – pas seulement un seul type de barbe, mais aussi boucs, colliers, favoris divers, les techniques étant différentes – et les prothèses), la mode et la photo, le maquillage artistique ou body-painting. De plus, depuis quelques années, la technique de l’aérographe est employée dans divers domaines avec des produits de diverses natures, il sera donc bon de vous assurer que son enseignement vous sera également prodigué. 

 

Naturellement, il est indispensable que vous soient enseignées des bases solides de cosmétologie, d’hygiène et sécurité pour l’usage des produits d’effets spéciaux, d’histoire du maquillage et des modes (coiffures et poil facial), d’histoire du Théâtre et du Cinéma. Il est souhaitable de savoir dessiner, au moins un peu, et indispensable d'apprendre à sculpter, modeler et mouler pour les prothèses. La connaissance de langues étrangères, notamment l'anglais, est un plus quasiment indispensable. Vous devrez apprendre à vous constituer un fichier iconographique de références et à le mettre régulièrement à jour à chaque occasion. 

 

Si vous choisissez l'option cinéma, vérifiez qu'on ne gaspillera pas votre temps sur des matières peu utiles : passer du temps sur les postiches et les petites prothèses est plus utile que sur le body-painting. Les monstres sont plus rarement demandés que les vieillissements : même si c'est moins amusant et plus spectaculaire, c’est aussi beaucoup moins cher pour le budget de la production. Sinon, vous devrez faire des stages de formations complémentaires à vos frais. 


Vérifiez aussi si le matériel est fourni ou à vos frais et la durée des cours.

 

Aucun maquilleur que j’ai rencontré dans ma longue carrière ne trouve tout ce dont il a besoin chez un seul fournisseur : vous devrez donc apprendre à connaître toutes les marques professionnelles, toutes les textures, tous les produits afin de pouvoir déterminer le plus approprié à un projet futur qui vous sera présenté. Si l’école ne vous enseigne que les produits de sa marque, cherchez dans les magasins spécialisés ou sur Internet des renseignements sur les autres marques et produits. Mais, bien entendu, vous n’utiliserez pas tout et ferez vite votre choix judicieux de matériel au fur et à mesure de votre expérience. 

 

Une démonstration d'une journée ou un simple survol sans la pratique de telle technique ne suffiront jamais а faire de vous un maquilleur compétent. Pour ceux qui voudraient devenir maquilleurs de cinéma, puisque c’est le thème de cet ouvrage et ma spécialité principale, je recommande un enseignement long, un an très concentré au moins, de préférence deux, afin d’avoir le temps de bien pratiquer et mûrir afin de maîtriser toutes les techniques, y compris celles des autres disciplines, car personne ne réussit un chef-d’œuvre du premier coup. De plus, cela vous permettra de passer plus de temps en documentation. 

 

Enfin, comparez les maquillages enseignés dans l’école et la qualité de ceux que vous voyez sur les écrans de cinéma, et le cas échéant, estimez en quoi ils sont différents. Cela vous donnera des arguments pour demander des cours de qualité correspondant à vos besoins futurs réels. 



To choose the right school, you should research the course programmes of several institutions, check if their orientations match your aspirations, and ensure the classes are taught by qualified individuals with real-world experience. These should be professionals who have spent years working in the industry, not makeup artists who have never worked on a proper feature film or previous year’s students, as sometimes happens (unfortunately for new students and the makeup artists who later receive them on set !). You should find specialised classes for the three main disciplines : film and performance (a comprehensive class that includes theatre and TV, as well as hairpieces – not just one type of beard, but also goatees, various sideburns, as the techniques differ – and prosthetics), fashion and photography, and artistic makeup or body painting. Additionally, in recent years, airbrush techniques have been used in various fields with different types of products, so it would be beneficial to ensure this is also taught.

Naturally, you must be provided with solid foundations in cosmetology, hygiene and safety for special effects products, the history of makeup and fashion (hairstyles and facial hair), and the history of Theatre and Cinema. It is desirable to know how to draw, at least a little, and essential to learn sculpting, modelling, and moulding for prosthetics. Knowledge of foreign languages, especially English, is almost indispensable. You should learn to create an iconographic reference file and regularly update it at every opportunity.

If you choose the cinema option, ensure that your time isn’t wasted on less useful subjects : spending time on hairpieces and small prosthetics is more beneficial than on body painting. Monsters are less frequently required than ageing makeups : even though it’s less fun and less spectacular, it’s also much cheaper for the production budget. Otherwise, you may need to undertake additional training at your own expense.

Also, check whether the materials are provided or if you need to supply them yourself and the duration of the courses.

No makeup artist I’ve met in my long career finds everything they need from a single supplier : you will need to learn about all professional brands, all textures, all products to determine the most appropriate for any future project presented to you. If the school only teaches you about their brand’s products, look in specialised stores or online for information on other brands and products. However, you will not use everything and will soon make your own judicious choice of materials as your experience grows.

A one-day demonstration or a mere overview without practical experience of such technique will never make you a competent makeup artist. For those wishing to become film makeup artists, since that is the theme of this book and my main speciality, I recommend extensive training, at least one very intensive year, preferably two, to have time to practice and mature, mastering all techniques, including those from other disciplines, because no one creates a masterpiece on their first try. Additionally, this will allow you more time for documentation.

Finally, compare the makeup taught at the school with the quality of what you see on cinema screens and, if applicable, assess how they differ. This will give you arguments to demand high-quality training that meets your real future needs.

Les bases minima indispensables en maquillage de cinéma

The minimum essential basics in cinema make-up 

Les maquilleurs américains étaient autrefois formés dans les studios des Majors pendant 50 semaines de 5 jours de 10h (2500 heures !…) par an pendant deux ou trois ans, puis ils devaient passer un concours devant les représentants des autres studios et des syndicats de maquilleurs. Après quoi, s’ils avaient réussi leur test, ils étaient autorisés à prendre un film en charge. Bien entendu, ils avaient alors effectué largement l’équivalent de nos formations françaises, et connaissaient non seulement les techniques, mais la vie de plateau (qui ne s’apprend évidemment pas dans les écoles modernes) et l’éthique du métier, ce dont on ne parle que peu ou pas du tout dans les écoles. 

 

Le programme du concours était le même pour tous, et comportait les épreuves suivantes avec une durée limitée correspondante : 

  • naturel, 
  • correctif, 
  • beauté, 
  • pose et maquillage d’un faux crâne, 
  • une barbe au poil à poil, 
  • une blessure, 
  • un vieillissement fait sur place avec les moyens du bord (sa boîte), 
  • un autre avec des prothèses (éventuellement perruques). 


Au jury, un représentant de l'Academy of Motion Pictures (celle des Oscars), du syndicat des maquilleurs (aux USA, la profession étant reconnue, peut être représentée légalement par un syndicat ; ce n’est pas le cas en France actuellement), et des autres Majors, mais pas de l'école du Studio qui avait enseigné, pour garantir la réelle compétence technique professionnelle des candidats sans aucun favoritisme. On est loin de ça aujourd'hui en France.

 

Il est souhaitable que tout candidat à devenir maquilleur de cinéma sache au moins faire cela. Il est aussi souhaitable aujourd’hui qu’il sache faire un peu de body-painting et manipuler un aérographe. Vous devrez donc vous assurer que ces disciplines figurent au cursus standard de l’école de votre choix. 

 

De plus, il est indispensable d’apprendre un certain nombre d’effets simples à réaliser sur place à partir de sa boîte. 

 

La fabrication et la pose de prothèses simples, y compris les faux crânes, feront partie intégrante de ce cursus standard. La fabrication de prothèses plus élaborées, ou d’effets spéciaux, pourra faire l’objet d’un module complémentaire, indispensable pour ceux qui voudront acquérir un haut niveau dans le cinéma-spectacle.

Aujourd’hui, les studios américains ne forment plus de maquilleurs, puisqu’il n’y a plus de département maquillage intégré, et les examens ci-dessus indiqués ont été abandonnés récemment au grand mécontentement des anciens qui ont passé les tests de compétence et voient arriver des jeunes pas toujours aussi bien formés qu’il le faudrait. Il y a, cependant, à l’Académie des Oscar, un département maquillage où des représentants des maquilleurs, eux-mêmes oscarisés ou au moins nominés, veillent à la qualité professionnelle des maquillages en compétition pour leur célèbre récompense. A quand la même chose en France avec nos César ?… 

 

Tout cela représente beaucoup de choses indispensables à apprendre pour pouvoir faire du maquillage au cinéma. Alors, non, ces formations longues ne sont pas démodées, vieux jeu ou inutiles ! Ce ne sont pas des études imposées bêtement  pour vous empêcher de gagner tout de suite votre vie, comme je l'ai lu parfois, mais au contraire des études sérieuses qui vous permettront de vous faire une bonne place dans ce qui est un vrai métier et surtout d'y durer. Il faut donc que votre école enseigne tout cela, au moins, et plus si elle veut et s'il y a assez de temps pour tout cela dans l'année scolaire.

 

A propos des bases minimum, je vous recommande la lecture du Ch. 3 : les différents maquillages au cinéma et le Ch. 18 : Les maquillages de composition. Si vous ne maîtrisez pas correctement ces bases, il faut vous rapprocher d’une école qui les enseigne en module spécifique.

 

En outre, vous devrez commencer à apprendre le pourquoi du maquillage avant de penser au comment. Ceci fera l’objet du chapitre   6 : La préparation avant tournage.

 

Et aussi : après l'école, tout au long de votre carrière, vous verrez le métier évoluer sans arrêt ; vous devrez alors continuer à apprendre les nouvelles techniques et les nouvelles matières, et continuer à vous entraîner, même à vos frais (mais vous le ferez avec plaisir) pour ne pas rester figé et évoluer. 

 

Voyons dans le chapitre suivant les démarches à accomplir pour trouver du travail sérieux.  


American makeup artists were once trained in the studios of the Majors for 50 weeks of 5 days, 10 hours per day (2500 hours!...) per year for two or three years. Afterward, they had to pass an examination in front of representatives from other studios and makeup artist unions. If they passed their test, they were then authorised to take charge of a film. Of course, by then they had completed the equivalent of our French training and knew not only the techniques but also set life (which is obviously not taught in modern schools) and the professional ethics, which are rarely mentioned in schools.

The examination programme was the same for everyone and included the following timed tests : 

  • natural makeup, 
  • corrective makeup, 
  • beauty makeup, 
  • applying and making up a bald cap, 
  • a hand laid beard, 
  • a wound, 
  • an aging effect out of the kit (done on the spot) with what you have in your makeup kit, 
  • another one with prostheses (possibly wigs). 


On the jury, there was a representative from the Academy of Motion Pictures (the Oscars), the makeup artist union (in the USA, the profession is recognised and can legally be represented by a union; this is not the case in France currently), and the other Majors, but not from the studio school that had taught them, to ensure the real professional technical competence of the candidates without any favouritism. We are far from that situation in France today.

It is desirable that any candidate wishing to become a cinema makeup artist should know how to do at least that. It is also desirable today that they know a little bit about body painting and how to handle an airbrush. Therefore, you should ensure that these disciplines are included in the standard curriculum of the school of your choice.

Moreover, it is essential to learn a number of simple effects that can be achieved on the spot using your makeup kit.

The making and application of simple prosthetics, including bald caps, will be an integral part of this standard curriculum. The fabrication of more elaborate prosthetics or special effects may be the subject of an additional module, essential for those who want to achieve a high level in cinema and entertainment.

Today, American studios no longer train makeup artists since there is no longer an integrated makeup department, and the aforementioned exams have recently been abandoned, much to the dissatisfaction of former candidates who passed the competence tests and now see younger individuals who are not always as well trained as they should be. However, at the Oscars Academy, there is a makeup department where representatives of makeup artists, themselves Oscar winners or at least nominees, ensure the professional quality of the makeups competing for their famous award. When will we have the same thing in France with our César ?...

All this represents a lot of essential things to learn in order to be able to do makeup for cinema. So, no, these long training programmes are not outdated, old-fashioned, or useless ! They are not studies imposed foolishly to prevent you from earning a living right away, as I have sometimes read, but rather serious studies that will allow you to make a good place for yourself in what is a real profession and, above all, to endure in it. Therefore, your school must teach all of this, at least, and more if it wants and if there is enough time for all of this in the school year.

Regarding the minimum basics, I recommend reading Chapter 3 : the Different types of  makeup in cinema and Chapter 18: Character makeups. If you do not master these basics properly, you should approach a school that teaches them in a specific module.

In addition, you should start learning why makeup is applied before thinking about how. This will be the subject of Chapter 6: Preparation before shooting.

And also : after school, throughout your career, you will see the profession constantly evolving ; you will then have to continue learning new techniques and materials, and continue to practice, even at your own expense (but you will do it with pleasure), to avoid stagnation and to evolve.

Let's see in the next chapter the steps to take to find serious work.